Le Développement Durable : un concept fourre-tout ? Cet article questionne les fondamentaux du développement durable et interroge les multiples interprétations du concept qui coexistent. Edwin Zaccaï, professeur responsable du Centre d'études du développement durable (ULB), identifie les familles en présence.
Info-durable (ID) : La diversité des représentations du DD peut-elle être organisée ou c’est un fourre-tout ?
Edwin Zaccaï (EZ) : Quatre familles d’interprétation peuvent être distinguées :
- La famille ONU ou l’origine du DD au niveau politique. Les questions de développement y sont très fortement présentes, comme la question de pauvreté
- La famille Union Européenne. Elle a au départ considéré le DD comme l’intégration de l’environnement. Progressivement, elle a intégré d’autres aspects.
- La famille de la gouvernance où le DD devient un synonyme de gouvernance rationnelle, où il faut travailler sur l’équilibre des trois domaines. L’aspect environnemental n’est pas particulièrement mis en évidence. Une application importante se situe dans les « études d’impacts » de la Commission européenne, et les EIDDD (d'impact des décisions sur le développement durable), qui viennent d’être instituées au niveau belge. Les Agendas 21 locaux feraient partie de cette famille, avec la participation en plus.
- La famille des entreprises où il y a eu une évolution très importante autour du DD, liée aussi à la gouvernance, à la théorie que les parties prenantes doivent jouer un rôle dans le développement. Mais les entreprises ne mettent pas en avant l’environnement. J’ai lu des livres sur le DD en entreprises qui ne citaient ni Rio, ni Brundtland. Cela montre la variété des concepts DD.
Pour autant, le DD ne rassemble pas n’importe quoi. Une entreprise qui ne s’occuperait que de rentabilité économique à court terme ne va pas chercher à se positionner dans le DD ou sera rapidement balayée.
ID : Et les syndicats ?
EZ: La tendance est plutôt d’augmenter l’inclusion des syndicats dans le DD mais elle n’est pas encore perçue dans le public. C’est clair qu’il y aurait des choses très intéressantes à faire et il y en a qui le font déjà ! Sur le nucléaire par exemple, les syndicats ont amené au CFDD des choses intéressantes parce qu’ils ont en contact avec les travailleurs des usines. Quand on a discuté des risques du nucléaire, ils ont des choses à dire que personne d’autre ne pouvait dire.
De même quand il s’agit de consommation durable, que fait-on par rapport à des personnes moins riches ?
Propos recueillis par Olivier Bailly
Plus d’infos :
SPFP-Développement durable : formulaires pour l'EIDDD (étude de l'impact des décisions sur le développement durable)
Etudes d'impact (Commission européenne)