Avant même l'instauration d'une "éco-pastille", mécanisme qui devra pénaliser les modèles les plus polluants et encourager l'acquisition de voitures peu émettrices de CO2, plusieurs ont déjà mis au point leur propre label écologique regroupant les versions potentiellement éligibles à un avantage à l'achat. En particulier les marques allemandes, guidées par les mesures incitatives adoptées sur leur marché domestique.
Ces labels, qui abandonnent la symbolique du vert (très connoté politiquement outre-Rhin) au profit du bleu, regroupent des véhicules dont les performances sont le fruit non pas de techniques sophistiquées et coûteuses, mais d'une série d'améliorations pratiques. On a ajusté la gestion électronique du moteur, allongé certains rapports de la boîte de vitesses, modifié l'aérodynamique, monté des pneumatiques à moindre résistance au roulement, ou encore légèrement surbaissé le châssis.
Ces modèles, souvent un peu plus chers que les versions standard, font la part belle aux petits moteurs diesel, qui rejettent moins de CO2 que les moteurs essence de même cylindrée. Détail qui a son importance, les voitures vertueuses des années 2000 restent agréables à conduire, contrairement à leurs aînées neurasthéniques des décennies 1970-1980.
On peut cependant regretter l'hétérogénéité de ces labels, qui rend difficile la comparaison pour le consommateur. Dommage, aussi, que les critères retenus, assez généraux (chez Volkswagen et Ford) ou assez complexes (chez Peugeot et Citroën), manquent de cohérence, notamment lorsqu'il s'agit de ranger sous la même bannière des modèles dont les vertus écologiques tiennent pour l'essentiel à leur statut de petite voiture et des modèles moyens ou de catégorie supérieure sur lesquels d'importants efforts ont été réalisés.
BlueMotion (Volkswagen). En novembre 2006, la marque allemande a lancé la Polo BlueMotion (à partir de 15 850 euros), présentée comme "la voiture cinq places la moins polluante du marché". Animée par un 1,4 litre TDI (80 ch) qui compense un relatif manque de puissance par son bon couple, elle n'émet que 102 grammes de CO2 au km (contre 104 g pour la Toyota Prius) pour une consommation moyenne annoncée de 3,9 litres de gazole aux 100 km.
Sur un parcours de près de 400 km pas vraiment avantageux (autoroute, route et circulation urbaine très dense), nous avons réalisé une moyenne de 5,7 litres, ce qui est plutôt positif. Le surcoût, non négligeable, est d'environ 1 650 euros par rapport à un modèle comparable.
Dans quelques mois, Volkswagen introduira une nouvelle Polo BlueMotion qui n'émettra que 99 grammes aux 100 km. Après la Passat BlueMotion (136 g de CO2/km, à partir de 24 650 euros), la firme de Wolfsburg lancera aussi une Golf BlueMotion (127 g de CO2/km).
Eco2 (Renault). Le label "écologique et économique" de Renault repose, outre des normes de fabrication et de recyclage, sur des émissions de CO2 inférieures à 140 grammes de CO2 au km, ce qui correspond à une consommation moyenne de 5,3 litres aux 100 km pour un moteur diesel et de 5,9 litres pour un moteur essence. A cette aune, l'intégralité de la gamme Twingo, la plupart des Clio ainsi que certaines Mégane et Scénic sont consacrées "écologiques".
La nouvelle Laguna dans sa version 1,5 litre dCi (136 g/km et 5,1 litres aux 100 km pour une puissance de 110 ch) constitue le modèle Eco2 le plus marquant. Le "petit" moteur diesel dont a été dotée cette "grosse" Laguna (23 500 euros) remplit très bien son rôle, même s'il faut le cravacher quelque peu lors des manoeuvres de dépassement. A la mi-novembre, un prototype de Logan Eco2 sera présenté lors d'un salon en Chine. Le label Eco2 est aussi attribué par Renault aux véhicules alimentés au biocarburant.
Blue Lion (Peugeot) et Airdream (Citroën). Ces deux estampilles jumelles des marques du groupe PSA sont accordées aux modèles émettant moins de 130 g de CO2 au kilomètre s'ils utilisent des énergies fossiles (essence ou diesel), moins de 158 g pour ceux qui sont compatibles avec un carburant biodiesel et moins de 200 g pour ceux qui utilisent le bioéthanol.
Ces critères compliqués permettent d'inclure des modèles à pratiquement tous les étages de la gamme. Chez Peugeot, par exemple, le sceau Blue Lion est attribué aussi bien à la petite 107 et ses 109 g de CO2 qu'au coupé 407 2-litres Hdi et ses 156 g ou encore à la 307 SW flexfuel (169 g).
Econetic (Ford). Proposée à partir de 19 500 euros, la nouvelle Focus 1,6 litre TDCi (90 ou 110 ch, 114 g ou 115 g de CO2) inaugure le nouveau label Ford. Cette voiture ne consomme que 4,2 à 4,3 litres de gazole aux 100 km et sera suivie, début 2008, par une Mondeo qui émettra moins de 140 g. En attendant la future Fiesta, dont une version Econetic passera en dessous du seuil des 100 g.