Haro sur « les surfacturations scandaleuses » de l'eau. L'UFC-Que Choisir rouvre le robinet de la polémique. Angers et Nantes ne passent pas à travers les gouttes.
En France, le prix de l'eau est « très souvent abusif » quand il n'est pas « scandaleux ». Selon les calculs de l'UFC-Que choisir, c'est parfois un océan (de profits ?) qui sépare le prix de revient et le prix facturé.
Les marges globales seraient même « astronomiques » - à 55 % et plus - pour le syndicat des eaux d'IIe-de-France (Sedif), Marseille et Gennevilliers. L'UFC invite évidemment à « regarder les bénéfices faramineux de Veolia et Suez », les deux entreprises privées qui desservent trois Français sur quatre en eau. Les deux grandes villes de l'Ouest intégrées dans le panel des 19 agglomérations passées au tamis de l'Union des consommateurs - Angers et Nantes - s'en tirent avec le minimum de dégâts. C'est un simple carton orange avec un « taux de marge trop élevé » (26 %), mais assorti d'un satisfecit pour « une diminution assez sensible ». Seuls Chambéry, Clermont-Ferrand, Annecy et Grenoble factureraient « au juste prix ». Une note salée Comme les villes jouent rarement la transparence des prix, à l'exception notable d'Angers, l'UFC a recalculé les coûts, en prenant en compte tous les postes. Que ce soit le traitement de l'eau plus cher en zone polluée, la distribution plus coûteuse en ville, l'assainissement des eaux, etc. Sans oublier d'intégrer les subventions qui permettent de réduire la note. Dans la chaîne des coûts qui expliquent les factures abusives, les maillons faibles ne manquent pas. Du surdimensionnement en stations de traitement à la surfacturation de travaux, en passant par l'intégration (illégale) du coût de traitement des eaux pluviales dans la facture d'eau, en Ile de France notamment. Décidément dans la ligne de mire de l'UFC, le Syndicat des eaux de l'Ile-de-France est également accusé de saler indûment la note en profitant du changement des branchements en plomb. Contrairement à Landerneau ou à Laval par exemple. Alors ? L'UFC exhorte les élus à renégocier le contrat qui les lie aux deux grosses entreprises du secteur (Veolia, Suez) comme Bordeaux et Lyon ont su le faire. Ou à les menacer d'un retour à une régie publique qui a fait ses preuves. En attendant, l'union des consommateurs a réussi à réamorcer la pompe de la polémique. La Fédération des entreprises de l'eau (FP2E) dénonce une méthode de calcul qui « fait abstraction de paramètres locaux » et mènerait à « des résultats aberrants. » Elle rappelle aussi que la marge des entreprises, estimée au rapport chiffre d'affaires-profits, est en moyenne de 7 %. Difficile de comparer des marges qui n'ont pas la même définition... Paul BUREL.