Total a décidé de se donner les moyens d'explorer de nouvelles voies, notamment dans les énergies renouvelables et dans le nucléaire.
C'est par un simple communiqué de presse que Total a annoncé il y a deux jours la refonte de sa branche Gaz & Électricité. Pourtant cette réorganisation en profondeur est loin d'être anodine.
Elle marque en effet un tournant dans la stratégie du groupe pétrolier français qui veut désormais élargir le spectre de ses activités aux énergies nouvelles et au nucléaire. La direction de cette branche rebaptisée Gaz et Énergies Nouvelles revient à Philippe Boisseau, l'ancien directeur Moyen-Orient de l'exploration et la production de Total qui avait pris la direction Gaz & Électricité en février dernier.
Face à un environnement énergétique en pleine mutation, " nous avons envie d'aller plus loin dans le développement de ces énergies nouvelles même si notre corps de métier reste dans les énergies fossiles ", a affirmé mercredi dernier le directeur général de Total , Christophe de Margerie , lors d'une visite de Photovoltech, société belge spécialisée dans la fabrication des cellules photovoltaïques que Total détient en partenariat avec le groupe Suez.
Cette nouvelle étape ouvre des perspectives pour Total . Le groupe, qui ne consacrait jusque-là que 2 millions d'euros par an à la R&D dans les énergies renouvelables, va porter cet investissement annuel à 30 millions d'euros. Aussi la branche Gaz et Énergies nouvelles va-t-elle être restructurée autour de plusieurs grandes directions. Outre celle portant sur les énergies nouvelles (solaire photovoltaïque, biomasse de seconde génération), le groupe va porter l'effort sur le charbon propre pour fabriquer de l'électricité. Mais aussi sur le nucléaire.
UN TEMPS DE REFLEXION
Philippe Boisseau a d'ailleurs décidé de créer une direction entièrement dédiée à la filière nucléaire. Même si, dans ce dernier secteur, Total veut se donner le temps de la réflexion, et " aucune décision n'a encore été prise ". Mais si d'aventure Total décidait de rentrer dans le nucléaire, " nous n'irions pas seuls, mais avec des partenaires qui connaissent bien le secteur ", souligne Philippe Boisseau.
Si Total a tout à apprendre dans ce métier, il en connaît cependant les contraintes. Comme dans la production des hydrocarbures, l'investissement est lourd et porte sur de grands projets. Les contrats sont négociés sur du long terme, et surtout dans le cadre de relations étroites avec les États. P
our Christophe de Margerie, " les énergies nouvelles, le nucléaire et les hydrocarbures sont complémentaires ". Au Moyen-Orient notamment, remarque-t-il, où le groupe est déjà partie prenante " dans des centres de recherche ". Certains pays, précise-t-il, " préféreront exporter leurs énergies fossiles et développer d'autres énergies pour leur consommation domestique ". Le potentiel est considérable, promettent les experts de Total .
Les pétroliers découvrent les vertus du vert
Face à la croissance de la demande mondiale d'énergie, la hausse inexorable du prix du baril et la nécessité de trouver de nouvelles sources faiblement émettrices de CO2, les groupes pétroliers ne peuvent plus faire l'impasse. Les énergies " vertes " sont devenues incontournables dans leur " mix énergétique ". Sous les pressions environnementales, Shell et BP ont déjà beaucoup investi dans l'éolien offshore notamment et l'énergie solaire. BP est même aujourd'hui le leader mondial dans la fabrication de panneaux solaires photovoltaïques. Ayant pris beaucoup de retard dans l'éolien, Total a plutôt pris l'option du solaire photovoltaïque et de la biomasse de seconde génération.
CHANTAL COLOMER