Le cyclone Sidr a dévasté le sud du pays. Il a aussi frappé durement l'une des plus grandes mangroves du monde, classée au Patrimoine de l'humanité.
Le 15 novembre, Sidr s'abat sur le sud du Bangladesh. Des rafales à plus de 200 km/h
pulvérisent bateaux, arbres et maisons. Bilan provisoire: 3 260 morts, des milliers de sinistrés qui ont tout perdu. Le cyclone a provoqué une catastrophe humaine et économique. Des experts craignent aussi un désastre écologique. L'une des plus vastes forêts de mangroves du monde n'a pas été épargnée.
Ce fouillis d'arbres et d'arbustes, à l'embouchure des rivières, est sous l'influence des marées. Le site des Sundarbans, dans le delta du Gange et du Brahmapoutre, est, depuis 1997, inscrit au Patrimoine mondial de l'humanité car il est doté d'une faune et d'une flore exceptionnelles. Parmi les espèces rares, citons le tigre royal du Bengale, le crocodile marin, le daim, 260 espèces d'oiseaux, etc.
Ce parc national emploie un millier de salariés. Aux alentours, 100 000 personnes dépendent directement ou indirectement des ressources du site : le bois, la pêche ou le commerce des crabes qui pullulent dans les mangroves. Reconstruire sans trop amputer la forêt« 30% des arbres sont tombés, les autres ont perdu leur feuillage », indique Marc Patry, de l'Unesco, qui effectue actuellement une mission d'évaluation au Bangladesh. « Les forestiers pensent que quelques centaines de daims sont morts. Avant le cyclone, on comptait 350 tigres dans la région. Combien en ont réchappé ? On l'ignore car la forêt, encombrée de troncs tombés à terre, est impénétrable. » Bonne nouvelle: des traces fraîches de daims ont été repérées et les oiseaux reviennent petit à petit.
« L'écosystème a été durement touché. Mais il a la capacité de récupérer, à condition qu'il ne subisse pas une nouvelle tempête violente. » Tous les bâtiments du parc, en béton ou en briques, sont dévastés, toit arraché, mobilier cassé. Certains pourront être rénovés. La flotille qui sert à patrouiller dans les canaux et entre les îlots est perdue. L'Unesco dispose d'un budget d'urgence, insuffisant vu l'ampleur de la tâche. L'organisation va donc s'employer à mobiliser des fonds internationaux. Et s'accorder sur la marche à suivre avec le gouvernement du Bangladesh.
Aujourd'hui, la sauvegarde des arbres et des animaux n'est évidemment pas la priorité. « Il faut d'abord reconstruire les écoles, les synagogues, les routes, tous les équipements communautaires. Et reloger les sans-abri. » L'Unesco a un rôle - utile et délicat - à jouer.
« Pour la reconstruction, nous pouvons conseiller les associations humanitaires en leur indiquant, par exemple, quels types de bois utiliser et quelles espèces préserver ». Autant que faire se peut.
Colette DAVID.