Plusieurs études soulignent la mauvaise communication et les contradictions des entreprises en matière d'activités sociales, sociétales et environnementales.
Les entreprises se tromperaient-elles de cibles lorsqu'elles rédigent leurs rapports rendant compte de leurs activités sociales, sociétales et environnementales ? Cela expliquerait-il que, obligés à cette publication depuis la loi sur les nouvelles régulations économiques de 2002, elles ne s'y livrent qu'avec réticence ? C'est ce que montrent deux études et un rapport officiel, qui étudient la manière dont les firmes rendent compte de leurs réalisations en matière de formation, de santé et de sécurité au travail, de rémunération, de sous-traitance, d'organisation du travail ou de restructurations. Ce reporting social ne remplit pas toujours au mieux son office.
C'est ce que montre le cinquième rapport d'Alpha Études, le centre d'études économiques et sociales du Groupe Alpha, un des majors du conseil aux entreprises en matière sociale. Dans l'interview accordée à La Tribune (voir ci-dessous), le maître d'oeuvre de ce rapport souligne la stagnation du niveau des informations fournies et la mauvaise volonté de trop nombreuses entreprises face à leurs obligations légales. Même si la situation va en s'améliorant année après année, elle reste largement en deçà des standards espérés.
L'explication de cette situation est fournie par une autre étude, celle-là publiée par Deloitte. Le grand cabinet de conseil et d'audit a interrogé 35 entreprises du SBF 120, dont 21 du CAC 40, pour connaître leur attitude face au reporting social. Les entreprises françaises identifient les destinataires de ces informations : pouvoirs publics, employés et syndicats, clients et consommateurs, voire communautés locales. Les informations diffusées visent d'abord à prévenir et gérer les risques (qui pourraient être engendrés par une action syndicale ou par des décisions de l'État), puis renforcer l'image de marque et sa réputation (auprès des fournisseurs ou de clients). Dans ce contexte, l'objectif est d'abord de communiquer en direction des parties prenantes identifiées.
INTEGRER L'EXPERTISEDES PARTIES PRENANTES
Cette étude révèle que les agences de notation ne sont pas identifiées comme des parties prenantes de premier plan. Elle constate aussi que le dialogue organisé par la diffusion des informations ne vise pas au premier chef à intégrer l'expertise des parties prenantes, favoriser la créativité et l'innovation ou améliorer les performances de l'entreprise.
Or que montre un rapport - non publié - commandé par le ministre de l'Économie et des Finances, celui de l'Emploi et de la cohésion sociale et celui de l'Écologie et du développement durable ? Ce document, révélé par latribune.fr (le 4 décembre 2007), souligne que l'information sociale et environnementale est devenue un outil de gestion très prisé par les agences de notation et les fonds d'investissement. Eux seuls, indique le rapport, " se sont saisis de ces informations extra-financières ".
" POUR UNE VERIFICATION DES INFORMATIONS SOCIALES "
Celles-ci ne sont pas, curieusement, utilisées par les autres parties prenantes. Mais ces agences de notation et les fonds d'investissement ont besoin d'informations précises et pas de communication, d'améliorer l'efficacité et non pas de vanter des réalisations.
Ces agences de notation parfaitement équipées pour juger de la qualité des informations diffusées ne sont pas franchement élogieuses sur la précision des données fournies par les entreprises. Elles " influent pour qu'une vérification systématique des informations sociales et environnementales soit rendue obligatoire [...] et posent de façon pressante aux entreprises des questions de plus en plus précises ". Bref, elles demandent une extension du champ des informations et une amélioration de la qualité des données disponibles. Les DRH, qui se veulent des dirigeants stratégiques, se retrouvent face à des interlocuteurs sans pitié. Ils ont du pain sur la planche...
PASCAL JUNGHANS