Si les DRH sont intimement convaincus qu’il faut prévenir le mal-être des collaborateurs, ils se trouvent forts démunis lorsqu’ils sont mis au pied du mur. Une étude de l’Ifop fait le point. En savoir plus : Le site de l'Ifop
Plus d'une entreprise sur deux manque d'actions concrètes pour prévenir le mal-être de ses collaborateurs. C'est le résultat d'une étude sur la perception du bien-être au travail, menée par l'Ifop pour le groupe de protection sociale Malakoff Médéric auprès de 300 DRH et 250 salariés.
Un enjeu crucial
Pour 99 % des DRH interrogés, le bien-être des salariés est un enjeu important. Et pour 88 % d'entre eux, c'est même une préoccupation majeure. Logique, puisque 69 % des DRH voient le bien-être au travail comme un facteur de productivité de l'entreprise et 68 % comme un facteur d'attraction des talents. Mais en dépit de cette prise de conscience manifeste, 55 % des entreprises avouent ne pas avoir mis en place de mesures concrètes pour prévenir les situations de mal-être au travail.
Des troubles psychologiques en hausse
45 % des DRH interrogés pensent que les problèmes liés aux troubles psychologiques ont augmenté ces dernières années. D'après eux, les principales manifestations de ces troubles sont l'absentéisme (72 %), les difficultés relationnelles entre collègues (59 %) et l'intensification des conflits avec la hiérarchie (50 %). Enfin, 70 % considèrent que la pénibilité est avant tout mentale. Un constat qui vient renforcer la conviction des responsables des ressources humaines de l'importance de la question.
Améliorer les pratiques managériales
S'ils perçoivent très clairement l'ampleur des problèmes liés à la santé psychologique, les DRH ne parviennent pas à faire émerger de cause les expliquant. En revanche, pour une grande majorité d'entre eux (83 %), l'amélioration des pratiques managériales est indubitablement un moyen d'accroître le bien-être des collaborateurs. Loin derrière, ils citent la réorganisation des procédures de travail (52 %) et la prévention des troubles musculo-squelettiques (40 %).
Les entreprises démunies pour analyser et prévenir
Il semblerait que la principale entrave à la prévention du mal-être des salariés réside dans la difficulté de faire un diagnostic de la situation (63 %). Ensuite, sont mis en causes l'absence d'expertise en interne (46 %) et la connaissance insuffisante des solutions de prévention disponibles (45 %). D'autre part, seules 46 % des entreprises interrogées affirment disposer d'outils d'information et d'analyse pertinents sur la santé de leurs salariés. Dans 85 % des cas, ce sont les données fournies par la médecine du travail et, dans de moindres proportions (54 %), des tableaux de bord internes.
Finalement, une vision court-termiste...
Membre du Comité médical et scientifique de Médéric, le docteur Patrice Cristofini se réjouit que les DRH se prennent d'intérêt pour le mal-être des salariés mais juge que leur diagnostic des causes manque de lucidité : "Ils ne mettent pas en cause les aspects organisationnels et ils se déchargent sur les managers pour régler le problème. Or, ces derniers sont déjà surchargés et sont eux-mêmes dans un état de malaise. Il ne faut pas avoir peur d'ouvrir la boîte de Pandore. Il faut aller vers une pratique d'ingénierie de la santé au travail. On ne peut plus dire qu'on ne sait pas ! Les DRH révèlent à travers les résultats de l'enquête que leur vision est encore à trop court terme."
Plus récemment, l'association Axa Santé a demandé à l'Ifop de réaliser une étude sur la perception de la prévention santé en entreprise. La conclusion : 89 % des salariés français approuvent la prévention santé en entreprise et 60 % des salariés d'entreprises où elle n'existe pas voudraient que cela soit le cas. D'après cette étude, les trois sujets de prévention qui intéressent le plus les salariés sont le stress (62 %), les troubles liés à une mauvaise position au travail (56 %) et la lutte contre le tabagisme (44 %).
En savoir plus Le site de l'Ifop