Pour Thomas Kolly, qui dirige les négociateurs suisses, il faut pouvoir inclure les pays émergeants et les Etats-Unis dans le système qui s'appliquera après 2012.
A Bali, chacun a en tête le rapport alarmant du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec), dont les chercheurs prédisent sécheresses, canicules et montée des océans en conséquence du réchauffement climatique.
«Cette réunion répond à une urgence désormais sans précédent», affirme Yvo de Boer, secrétaire de l'Onu en charge des questions climatiques.
L'objectif principal de la réunion de Bali? Lancer le débat en vue de l'accord climatique qui succèdera au protocole de Kyoto après 2012.
«A Bali, le but et le résultat probable sera que nous déciderons de la feuille de route qui doit nous mener vers la fin 2009 et la conférence sur le climat organisée à ce moment-là», explique à swissinfo le Suisse Thomas Kolly.
«Cela peut sembler modeste et bureaucratique, reconnaît le chef des négociateurs suisses. Mais il est nécessaire de construire la route qui permettra aux voitures de passer. Etablir une feuille de route implique aussi de mettre à plat les principaux enjeux.»
«Pas suffisant»
Les pays émergents dont l'Inde ou la Chine sont exonérés de l'obligation de limiter leurs émissions, au même titre que l'ensemble des pays en développement. Et ce, malgré leur croissance exceptionnelle.
Pour Thomas Kolly, «les pays liés aux objectifs du Protocole de Kyoto ne «pèsent» qu'un quart environ des émissions de CO2. Ce n'est simplement pas suffisant».
La Chine, par exemple, est en train de rattraper les Etats-Unis et deviendra bientôt le premier émetteur de la planète. Mais la position rigide de Pékin évolue.
Selon Yvo de Boer, Pékin donne depuis peu des signaux encourageants et pourrait accepter des réductions d'émissions, sinon globales, au moins dans certains secteurs d'activité.
Sur le fond, les pays émergents craignent notamment que la lutte contre le réchauffement ne nuise à leurs efforts pour s'extraire de la pauvreté.
Les Etats-Unis
De son côté, Thomas Kolly se montre optimiste sur la participation des Etats-Unis au processus de négociation. Et cela, en raison surtout de la pression de l'opinion publique américaine et du poids des preuves scientifiques.
Pour l'heure, les USA sont avec l'Australie le seul grand pays industrialisé resté en dehors du système de Kyoto qui oblige à réduire les émissions de CO2. L'Australie vient toutefois d'annoncer son entrée prochaine dans le protocole.
Convaincue qu'il faut limiter la hausse de la température moyenne de la planète à 2°C, l'Union européenne (UE) s'est pour sa part engagée unilatéralement à réduire d'ici 2020 ses émissions de 20%. Voire de 30%, si les autres pays industrialisés s'engagent. La Suisse a annoncé qu'elle adopterait une position semblable à l'UE en Indonésie.
Une obligation
Des signaux encourageants donc. Mais selon de nombreux experts, l'objectif de parvenir à un accord avant fin 2009 est très optimiste, étant donné que les Etats-Unis seront gouvernés par une nouvelle administration à partir de janvier 2009.
Cette date doit toutefois être respectée, estiment les spécialistes, qui rappellent que plusieurs années seront nécessaires à obtenir la ratification du document final.
Un autre motif invite à respecter cette date: les industriels exploitant des usines ou des centrales électriques sont pressés de connaître les nouvelles règles que le successeur du protocole de Kyoto leur imposera.
Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon a déjà annoncé que face au changement climatique, «nous ne pouvons pas nous permettre de quitter Bali sans une réelle percée vers un accord global entre toutes les nations».