L’Inde pourrait être décrite comme une économie participant au réchauffement climatique de un milliard d’individus, et source de pollution, mais elle fait également partie des premiers utilisateurs de l’énergie éolienne au monde, grâce à une focalisation sur les énergies renouvelables qui n’est pas très remarquée par l’Occident.
Des années d’incitations fiscales ont aidé à faire de l’Inde l’un des marchés croissants le plus rapidement pour l’énergie éolienne, un élément majeur des énergies renouvelables qui seront un des ordres du jour de la Conférence de Bali qui aura lieu du 3 au 14 décembre en Indonésie.
La conférence de Bali intervient alors qu’il y a de plus en plus de pression exercée par l’international sur l’Inde pour qu’elle fasse en sorte que sa croissance économique soit propre et durable. L’Agence Internationale pour l’Energie a prévenu ce mois-ci des dangers que fait peser sur le climat la demande d’énergie sans entraves de l’Inde en pleine croissance économique.
« Quand il s’agit des énergies renouvelables et de l’énergie éolienne, l’Inde peut regarder l’Occident dans les yeux et dire : "regardez nos années de politiques progressives" » a déclaré Santosh Kamath, un spécialiste de l’énergie éolienne et directeur associé chez KPMG consultants.
L’énergie éolienne en Inde est toujours un secteur minoritaire comparé à l’ensemble des besoins d’énergie de ce géant d’Asie, qui est dépendant du charbon et du pétrole.
Avec sa dépendance aux carburants sales, l’Inde deviendra le troisième émetteur de dioxyde de carbone d’ici 2015, d’après l’Agence Internationale pour l’Energie.
Mais l’énergie renouvelable, et notamment l’énergie éolienne, représente près de 7% de la capacité de production d’électricité de l’Inde, ce qui est bien en comparaison avec le reste du monde.
« L’énergie éolienne croît de manière considérable. Si vous voulez une ferme éolienne, vous devez réserver un an à l’avance » a déclaré Chandra Bhushan, directeur associé pour le Centre pour la Science et l’Environnement de l’Inde.
« Cela fait des années que l’Inde a mis en place des politiques progressives et que le pays a compris que l’Inde serait confrontée à une pénurie d’énergies fossiles ».
L’Inde, avec ses milliers de kilomètres de côte, est un pays parfaitement adapté à l’énergie éolienne. Son potentiel d’énergie éolienne est estimé à 45000 mégawatts, soit un tiers de la consommation d’énergie totale du pays.
En Inde, la peur de la nuisance visuelle des éoliennes, très développée en Occident, n’est pas du tout développée : ainsi de nombreuses éoliennes sont présentes sur le site de l’ancien fort de Jaisalmer au Rajasthan, l’un des sites touristiques les plus populaires en Inde.
Ce boom de l’énergie éolienne génère des profits, et c’est ce genre de cercle vertueux qui est nécessaire selon les experts pour que les énergies renouvelables fonctionnent réellement.
A Vestas RBB India Ltd, l’une des plus grandes entreprises éoliennes de l’Inde, les ventes ont augmenté de 30% en 2006, et la compagnie prévoit une croissance de 40% cette année, d’après les responsables de la compagnie.
L’élévation de l’Inde au rang de ce que certains appellent une « superpuissance éolienne », a pu être réalisée grâce à une diminution des impôts dans les années 1990 et à Tulstu Tanti, président de Suzlon Energy, la plus grande compagnie éolienne de l’Inde.
Inquiet des pénuries d’électricité dans les années 1990 pour son entreprise textile dans l’Inde de l’ouest, il a acheté quelques éoliennes et a rapidement réalisé que cela pourrait être une bonne affaire commerciale. Sa compagnie est rapidement devenue une pionnière dans le secteur.
L’énergie éolienne a également été aidée par certains états qui se sont fixés pour objectif que 10% de leur électricité provienne d’énergies renouvelables.
Les coûts capitaux élevés et le fait que le vent est intermittent –les centrales fonctionnent souvent au quart de leur capacité- signifie que le secteur de l’énergie éolienne coûte cher et qu’il a besoin d’incitations fiscales importantes pour survivre.