La conférence de Bali se dirigeait ce samedi matin vers une proposition d'accord sur l'avenir de la lutte contre le réchauffement vidée de toute référence chiffrée aux émissions polluantes et à la nécessité de les réduire d'ici 2020 ou 2050. Dans le texte, la communauté internationale se contente de "reconnaître que des réductions sévères des émissions mondiales devront être conduites" et souligne "l'urgence" de lutter contre le changement climatique comme le préconisent des experts sur le climat.
Des négociations destinées à arrêter les suites à donner au protocole de Kyoto, dont la première phase expire en 2012, devront être lancées "dès que possible et pas plus tard qu'avril 2008".
Bali joue les prolongations
La conférence de Bali aurait dû se terminer vendredi soir. Mais le blocage était tel que les discussions se sont prolongées jusque tard dans la nuit. Aux premières heures du matin, l'ONU était confiante d'aboutir. Pour sortir de l'impasse, l'Union européenne a finalement accepté que le texte élude les références chiffrées aux émissions polluantes et à la nécessité de les réduire, auxquelles s'opposaient les Etats-Unis.
Deux scénarios sont dès lors possibles: soit une réduction des émissions de -10 à -30% (par rapport à 1990) pour les pays développés d'ici 2020, avec des efforts "marginaux" de la part des pays en développement.Soit une réduction de -25 à -40 % en 2020 (par rapport à 1990) pour les pays industrialisés, avec des "efforts substantiels" de la part des pays en développement.
"Kyoto c'est Copenhague, pas Bali"
"Ce deuxième scénario serait compatible avec la perspective d'un réchauffement limité à 2°C par rapport aux niveaux préindustriels alors que le premier permettrait une stabilisation autour de 3°C", a expliqué à Bali le climatologue français Jean Jouzel, membre du bureau du Giec. "Avec ça, on ne cuit pas mais on chauffe", a-t-il ajouté. "C'est un cadre assez faible mais on a avancé. On va avoir deux ans de négociations et on est en train d'en dessiner le cadre", s'est cependant félicitée la secrétaire d'Etat française à l'Ecologie Nathalie Kosciusko-Morizet.
Pour le ministre français de l'Ecologie, Jean-Louis Borloo, "Kyoto c'est Copenhague, pas Bali", rappelant ainsi que le nouveau traité devra être bouclé dans deux ans et qu'il n'était pas question à Bali d'arrêter des objectifs quantifiés de réduction des émissions polluantes.
Les ONG espéraient mieux
Les ONG ont regretté le manque d'ambition et surtout l'obstruction des Etats-Unis pendant tout le processus de Bali. "Mais au moins les négociations vont démarrer, on espérait mieux mais avec l'administration Bush, les attentes sont toujours au plus bas", a estimé Steve Sawyer du Global wind energy council.