Chez François de Conti, éleveur et viticulteur à Thénac, en Dordogne, les poulets fermiers sont élevés au bon grain mais aussi à l'énergie "naturelle" grâce à une "micro-éolienne" qui alimente l'éclairage, la régulation de température et la clôture anti-renards. François de Conti utilise depuis un an ce que France Eoliennes, société spécialisée sur le marché du "micro-éolien" à destination des particuliers et des PME, présente comme la "première éolienne agricole de France".
Les trois pales en fibre de verre trônent au sommet d'un mât de onze mètres, offertes aux vents dominants d'ouest et du sud, à quelques encablures du vignoble "Château Belles-Filles" près de Bergerac. Cette éolienne, le propriétaire en rêvait depuis la tempête de 1999 qui l'avait laissé sans électricité pendant trois semaines.
"Il suffit de quelques heures sans électricité pour perdre des centaines de poulets. Heureusement qu'il n'y en avait pas à ce moment-là, mais on s'est dit: +plus jamais ça!+", explique celui qui élève près de 25.000 poulets par an.
L'exploitant s'est donc tourné vers le petit éolien pour disposer à tout moment d'un stock de secours, moins polluant qu'un groupe électrogène, mais aussi réduire sa facture d'électricité en utilisant sa propre énergie.
Après s'être assurée auprès de Météo France que la moyenne des vents était suffisante pour faire tourner les pales, France Eoliennes a donc installé une machine de 2 Kilowatt qui alimente deux bâtiments à poulets pour la lumière, la chaîne d'alimentation en nourriture, la régulation de la température, la clôture anti-intrusion contre les renards ainsi qu'un petit congélateur.
D'une hauteur inférieure à 12 mètres, elle n'a nécessité aucune demande de permis de construire, précise M. de Conti.
Les bâtiments restent toutefois raccordés au réseau EDF, l'électricité traditionnelle prenant régulièrement le relais de l'énergie éolienne pour préserver en permanence un stock de secours.
Côté financier, l'investissement de 15.000 euros est, selon M. de Conti, facilement amortissable. D'abord en raison des économies sur la facture EDF, mais pas seulement: "L'éolienne est amortie dès la première seconde d'une coupure de courant", affirme-t-il, chiffrant à "9.000 euros" l'éventuelle perte d'une "bande de poulets" en cas de coupure de courant.
L'exploitant périgourdin entend s'inscrire dans une démarche globale d'agriculture "responsable". Son exploitation, ajoute-t-il, est "ferme pilote" pour les Chambres d'agriculture de Dordogne, des Landes et du Lot-et-Garonne pour mesurer l'impact global de l'éolien sur une production agricole.
"Il faut arrêter de parler, il faut agir. Je ne suis plus un consommateur, je suis un producteur d'energie, et cela change beaucoup de choses sur ma façon de consommer", assure-t-il.
France Eoliennes, depuis sa création il y a deux ans, indique avoir commercialisé "325 machines" de petit éolien en France, de 2 à 20 Kilowatts, selon Igor Ochmiansky, délégué Aquitaine de la société.
Pour autant, précise-t-il, "nous refusons plus de machines que nous n'en installons". Cela pour ne pas décevoir les attentes: "Aujourd'hui, nous sommes dans la préhistoire de l'éolien. Si on se loupe, il n'y aura pas d'histoire."