Dans son dernier rapport sur les enfants et les conflits armés, le Secrétaire général fait état des développements dans quelque 18 pays et propose au Conseil de sécurité une série de mesures concrètes pour faire pression sur les parties concernées.
« Le recrutement d'enfants et le déplacement de personnes à l'intérieur de leur propre pays sont étroitement liés », souligne le rapport du Secrétaire général rendu public aujourd'hui et qui couvre la période comprise entre octobre 2006 et août 2007.
« Ainsi, plus il y a de sécurité dans les camps de réfugiés et déplacés, moins il y a de recrutements d'enfants », a expliqué Radhika Coomaraswamy, la Représentante spéciale du Secrétaire général pour les enfants et les conflits armés, lors d'une conférence de presse aujourd'hui au siège de l'ONU à New York.
Les autre sujets de préoccupations concernent les déplacements transfrontières de groupes armés pour recruter des enfants, comme au long de la frontière soudano-tchadienne ou du Rwanda et de la République démocratique du Congo, ainsi que la détention de mineurs, les attaques contre le personnel et les établissements éducatifs, l'utilisation des armes d'emploi aveugle et la violence sexuelle.
Le rapport fait état des développements dans 13 situations dont le Conseil de sécurité est saisi, en Afghanistan, au Burundi, en République centrafricaine, en Côte d'Ivoire, en République démocratique du Congo, en Haïti, en Iraq, au Liban, au Myanmar, au Népal, dans les Territoires palestiniens occupés et Israël, en Somalie et au Soudan.
Si la situation demeure préoccupante dans la plupart des cas, le rapport reconnaît que la Côte d'Ivoire a connu une amélioration substantielle de la situation. « On n'a recueilli aucun élément de preuve fondé concernant le recrutement et l'utilisation actifs d'enfants par les groupes armés », indique-t-il.
Au Myanmar, le Secrétaire général rapporte que les autorités ont pris plusieurs initiatives en vue de s'attaquer au problème du recrutement et de l'emploi des enfants, mais que reste présent le problème de la disponibilité et de la fiabilité des informations.
Le rapport fournit également des informations sur des situations dont le Conseil de sécurité n'est pas saisi, comme au Tchad, en Colombie, aux Philippines, au Sri Lanka et en Ouganda.
Au sujet des abus et de l'exploitation sexuelle de personnels de maintien de la paix de l'ONU, le rapport indique que « d'importants progrès ont été accomplis pendant la période à l'examen, grâce à l'établissement de règles efficaces, que les membres des contingents des pays sont tenus de respecter ».
« Une des bonnes nouvelles est aussi la lutte contre l'impunité », a déclaré Radhika Coomaraswamy, qui s'est félicité des actions judiciaires intentées contre des responsables du recrutement d'enfants de moins de quinze ans dans des groupes armés, en particulier Thomas Lubanga Dyilo, de la République démocratique du Congo, Charles Taylor, du Libéria, et Alex Tamba Brima, Brima Bazzy Kamara, Santigie Borbor Kanu et Allieu Kondewa de la Sierra Leone.
Le rapport donne par ailleurs en annexe la liste des parties, groupes et mouvements qui, dans certains pays, se livrent à de graves abus et violations des droits de l'enfant. Outre le recrutement d'enfants-soldats, ces violations du droit international applicable relatif aux enfants incluent meurtres et mutilations, viols et autres sévices sexuels graves, enlèvements, refus de laisser les enfants accéder à l'aide humanitaire et attaques visant des écoles et des hôpitaux.
Dans ses recommandations au Conseil, le Secrétaire général énumère certaines mesures qui pourraient être prises contre les parties à un conflit armé qui persistent à commettre systématiquement des violations graves à l'encontre d'enfants, « notamment l'interdiction d'exporter ou de fournir des armes, l'interdiction d'apporter une assistance militaire, l'imposition de restrictions aux déplacements des responsables, l'exclusion de ceux-ci de toutes les structures administratives et des mesures d'amnistie, et la restriction des flux de ressources financières vers les parties concernées ».
Il recommande aussi au Conseil de sécurité de saisir la Cour pénale internationale (CPI) afin que des enquêtes soient menées et des poursuites engagées contre les auteurs des violations commises à l'encontre d'enfants dans les situations de conflit armé relevant de sa juridiction.