Le haut commissaire aux solidarités actives a présenté jeudi au Sénat, le programme du Grenelle de l’insertion. Un de ses objectifs est de parvenir à une réforme des minima sociaux. Le RMI fêtera ses 20 ans cette année. Mais plutôt que de lui tresser des lauriers, c’est un constat d’échec qu’a dressé Martin Hirsch, jeudi, dans son discours de présentation au Sénat du « Grenelle de l’insertion ».
Devant les sénateurs, le haut commissaire aux solidarités actives a dénoncé des « politiques d’insertion » à bout de souffle et appelé à « changer de système ». C’est là l’objectif du Grenelle de l’insertion, lancé à la mi-novembre dernier, et tenu de rendre ses conclusions à la fin mai.
Calqué sur le Grenelle de l’environnement, celui de l’insertion est censé déboucher sur « un diagnostic et une série de propositions », susceptibles d’être reprises par voie législative, explique Christophe Fourel, directeur de l’Agence des Solidarités Actives. Pour permettre une réforme des minima sociaux, des contrats aidés et de la formation professionnelle.
A terme, le Grenelle de l’insertion devra également permettre de satisfaire l’objectif fixé par Nicolas Sarkozy de réduire la pauvreté d’un tiers en cinq ans. Selon l’Insee, en 2005, le taux de pauvreté en France était de 12,1%, soit un peu plus de 7 millions de personnes vivant avec moins de 712 euros par mois. Comme d’autres associations, (la Fnars, Emmaüs, le Secours Populaire, etc.), l’Agence des Solidarités actives participe à l’un des trois groupes de travail du Grenelle de l’insertion : celui sur les parcours d’insertion. Son objectif est de mieux les adapter, de professionnaliser et d’évaluer les structures qui viennent en aide aux personnes très éloignées de l’emploi.
Un autre groupe de travail est chargé de redéfinir la gouvernance des politiques d’insertion. Il s’agit de « revoir les problèmes de cohérence », explique Christophe Fourel, car les acteurs de ces politiques sont actuellement très nombreux : le cœur des dispositifs d’insertion revient aux départements, qui gèrent par exemple le RMI ; les régions s’occupent de la formation ; les communes jouent aussi un rôle via les Centres communaux d’action sociale (CCAS), de même que l’Etat. Enfin, le troisième groupe de travail est chargé de définir comment développer la mobilisation des employeurs. Notamment en identifiant les freins qui empêchent une entreprise d’embaucher une personne en difficulté. «
Cela suppose que l’Etat change les modalités de son aide », observe Christophe Faurel. « Plutôt que de subventionner des emplois, il vaudrait mieux aller vers des formes de tutorat, financer des contrats en alternance, en apprentissage », suggère-t-il. Chacun de ces groupes de travail réunit, outre les associations, des représentants de l’Etat, des collectivités territoriales, des employeurs, des syndicats, des bénéficiaires des dispositifs, des personnalités qualifiées ainsi que des parlementaires. Jeudi, Martin Hirsch a présenté aux sénateurs les 10 pistes d’actions que ces groupes de travail devront explorer.
Parmi elles, il s’agit d’abord de « simplifier de façon drastique les dispositifs », a affirmé le haut commissaire. Il s’agit également d’« assurer des revenus du travail supérieurs aux revenus de la solidarité ». C’est là toute la philosophie du Revenu de solidarité active (RSA), promu par Martin Hirsch et expérimenté aujourd’hui dans une quarantaine de départements (voir article ci-joint). Un texte de loi proposant sa généralisation devrait être soumis au Parlement à la fin 2008, avait déjà fait savoir l’ancien président d’Emmaüs. Mais le RSA n’est pas le seul instrument. « Pour faciliter l’insertion, il faut aussi parfois résoudre la question de la mobilité ou de la garde des enfants », souligne Christophe Faurel. L’Agence des solidarités actives a déjà mis en œuvre des dispositifs pour y répondre dans plusieurs départements. Ainsi des plates-formes pour la mobilité, dans l’Oise ou dans l’Eure ou des dispositifs de garde d’enfant, en Côte d’Or. Enfin, le Grenelle de l’insertion sera pour Martin Hirsch l’occasion de se faire l’avocat du « bouclier sanitaire ». Evoqué lors de l’instauration des franchises médicales, il consiste à moduler leur montant en fonction du revenu des assurés sociaux. Il suppose, cependant, un complexe et coûteux travail d’intégration des données relatives aux revenus de la part des Caisses d’assurance maladie. • Le Revenu de solidarité active (RSA): mode d'emploi • http://www.lexpansion.com/economie/actualite-economique/lutte-contre-la-pauvrete-martin-hirsch-sonne-l-heure-de-la-solidarite-active_140124.html?xtor=EPR-77