Par Stanislas Berteloot, directeur Marketing de KDS. Pour la première fois, dans l’enquête que nous réalisons chaque année avec l’ACTE (Association of Corporate Travel Executives), une nouvelle question traduit l’évolution du comportement général envers l’environnement. En effet, nous demandons aux participants si le sentiment de culpabilité envers l’environnement causé par leurs voyages d’affaires est susceptible de modifier leurs manières de voyager. Les résultats, publiés en février prochain, nous montreront à quel point les voyageurs "eco-conscient" sont de plus en plus partagés entre la nécessité de voyager et l’impératif moral de la réduction des émissions de carbone.
De plus en plus de voix s’élèvent pour sensibiliser les voyageurs d’affaires et leur faire comprendre qu’il n’est plus possible de continuer à se déplacer comme si de rien n’était. Ainsi, l’ACTE et KDS mesurent depuis trois ans l’évolution du secteur du voyage par rapport aux problèmes environnementaux. Les résultats des années passées démontrent clairement que les entreprises ignorent le plus souvent l’impact réel des voyages d’affaires sur le réchauffement climatique ce qui ne les empêchent nullement d’accentuer la pression sur leurs fournisseurs et la qualité écologique de leurs produits.
Dans la seule Union Européenne, les émissions de gaz à effet de serre résultant des vols internationaux devraient croître de 150% d’ici 2012 et réduire à néant plus d’un quart des 8% de réduction que l’Union Européenne s’est engagée à réaliser d’ici 2012 dans le cadre du protocole de Kyoto.
Il est étonnant de constater à quel point la sensibilité individuelle face au problème du réchauffement climatique ne change strictement rien au comportement global de l’entreprise. En tant que citoyen, chacun tri ses déchets et fait attention à bien éteindre la lumière, mais notre comportement en groupe au sein d’une entreprise est très différent.
La situation rappelle, en de nombreux points, l’épopée Enron. Durant les Conseils d’administration, il est extrêmement difficile de prendre fait et cause pour un principe et une cause morale lorsque le business et les résultats trimestriels sont en jeu. Ne nous voilons pas la face, la plupart d’entre nous forment le peloton et votent avec la majorité. Cependant, les mentalités évoluent, comme l’indique Philippe Thomazo, Vice Président de l’agence de certification environnementale EcoCert, « la question ne porte pas tant sur l’épuisement des réserves de pétrole mais sur le fait que brûler du pétrole va bientôt être vu comme un acte si peu moral que la plupart des gens ne l’envisageront même pas ».
Si la question est du domaine de la culpabilité et de l’éthique, le secteur des transports et des voyages doit donc se comporter solidairement pour contribuer à une solution plutôt qu’à aggraver le problème.
C’est pourquoi notre nouvelle étude ACTE-KDS cherche aussi à mesurer le sentiment des répondants sur les programmes de responsabilité sociale de leur employeur. Les études précédentes ont démontré clairement la différence existant entre les annonces publiques et les actions concrètes. Ces études ont aussi montré à quel point il est difficile pour les acheteurs de voyages de trouver des fournisseurs « verts ».
Il y a un an, notre étude révélait que si la plupart des répondants annonçaient « travailler » au suivi et à la réduction des émissions de carbone liées aux voyages, dans la réalité, rien n’était encore en place. La situation a-t-elle évoluée après un an de travail ?
Personnellement, je reste optimiste. Les ingénieurs inventent des avions plus légers et moins gourmands en kérosène. Au cours des 40 dernières années, la consommation des avions a été réduite de 40%. Au Royaume Uni, Virgin Trains a testé des moteurs fonctionnant avec un mélange de diesel et d'agro-carburant.
Certaines entreprises ont déployé des solutions de gestions des déplacements professionnels en ligne pour que chaque collaborateur puisse préparer ses voyages d’affaires en comparant facilement différentes options et en respectant les règles propres à l’entreprise. Ces outils permettent dès aujourd’hui d’afficher les coûts, les durées et les services associés de différentes solutions de transport : rail, compagnies aériennes traditionnelles et low costs. Ce mode de comparaison est le reflet des règles qui régissent la politique voyage de l’entreprise. Il y a fort à parier que ces règles, qui dans le passé avaient comme unique but de réduire les coûts, prennent de plus en plus en compte l’impact écologique des voyages d’affaires.
Ces systèmes ont démontré leur efficacité à réduire les coûts. En centralisant, dans un futur proche, toutes les réservations de voyages émises par l’entreprise, ils seront tout aussi efficaces pour réduire les émissions de carbone.
En ce qui concerne le train, l’expansion rapide en Europe du réseau grande vitesse a été récemment accélérée par le lancement du réseau RailTeam qui devrait encourager les réservations, offrir de meilleurs prix, harmoniser les différents programmes de fidélité clients, améliorer l’accueil dans les gares et dans les trains et faciliter l’interconnexion des réseaux. Les transports ferroviaires connaissent une forte croissance en Europe grâce à des infrastructures modernes. Le rail gagne des parts de marché sur l’avion sur le segment des voyages de moins de 4 heures. Le trafic passager pourrait même augmenter encore de 120% selon l’UIC (Union Internationale des Chemins de fer) sous l’effet d’une inflexion « verte » de la politique européenne des transports.
Le rail gagne du terrain, les avions consomment moins de kérosène et les voitures moins d’essence ; les entreprises disposent d’outils pour mettre en œuvre des politiques de transport écologiques. Il ne manque plus que la volonté.
Stanislas Berteloot
Stanislas Berteloot est le Directeur Marketing de KDS.
[1]Vous pouvez participer à l’enquête en ligne en cours sur le site : http://www.surveymonkey.com/s.aspx?sm=1FrXA9GQTEOGtEpOAlhstg_3d_3d