Le village idéal : c'est ainsi que fut présentée, le 21 janvier, aux 4es Rencontres grand ski à Chambéry, la station d'Arc 1950, opération de 3 900 lits répartis sur 8 résidences de tourisme de luxe en 698 appartements.
Alors que les défenseurs de l'environnement dénoncent
les effets des sports d'hiver (artificialisation de la montagne par l'extension
des stations, consommation d'eau pour les canons à neige, impact sur le paysage
des installations techniques...), ces rencontres ont montré comment les stations
tentent d'adapter leur offre aux enjeux du développement durable.
Avec ses toits en lauze, ses façades recouvertes de bois
et de pierre, ses rues en pente douce (pas plus de 3 %), sa centrale souterraine
pour la gestion des déchets et un parking souterrain de 750 places, Arc 1950
donne l'image d'un village préservé où tout est prévu pour faciliter le séjour
du client.
"Le but est de retrouver une
organisation urbaine, explique son architecte, Christian Rey-Grange, avec des points de vue remarquables sur le paysage,
des commerces, des places. On déroule un scénario avec des
événements." Ce concept commercial rentable (les prix au mètre carré
sont passés de 5 800 euros HT en 2003 à 8 500 euros HT lors de la dernière vente
en 2007) fait-il d'Arc 1950 un modèle de développement durable
?
"Ce n'est pas durable
!", tranche
Jean-Pierre Chiantello, de l'atelier Studio Arch, à Tresserve (Savoie),
constructeur du restaurant d'altitude Le Plan des Mains, à Méribel, ouvert début
2007, selon des normes de haute qualité environnementale (HQE). Il dénonce le
choix du tout-électrique : "Ils veulent
incarner l'écologie, mais ils ne font que bricoler. Ce qui marche aujourd'hui ce
sont les énergies renouvelables. Ce qui arrive à bout de souffle, c'est Arc
1950."
Philippe
Barbeyer, de l'agence d'architectes Barbeyer et Dupuis à Chambéry, confirme :
"La réponse est peut-être déjà décalée.
L'architecture est une approche globale, pas une mise en scène."
L'agence travaille sur un projet d'hôtel quatre étoiles à La Rosière
Les Balcons
de La Rosière
Ce concept
hôtelier novateur, financé par un promoteur privé, TP Investissements, vient
d'ailleurs d'être lauréat d'un appel à projets du conseil général de
la Savoie
L'idée
d'une architecture plus simple et dépouillée, qui ferait la part belle aux
ressources locales et aux énergies renouvelables, fait aussi son chemin chez
MGM, constructeur connu pour ses résidences haut de gamme traditionnelles
implantées dans vingt-cinq stations alpines. MGM, qui possède
250 000
m2 40 000
m2 1950.
L
Les
réunions de préparation en vue du dépôt d'un dossier d'unité touristique
nouvelle viennent tout juste de commencer et réunissent la commune, les
promoteurs mais aussi les services de l'équipement et les représentants
d'associations de défense de l'environnement. Les premières résidences devraient
sortir de terre en 2010. On verra alors si le village des Boisses peut devenir
le prochain modèle d'un tourisme durable.
Nathalie
Grynszpan
Article paru dans l'édition du 03.02.08.