Le tabac est responsable de 5,4 millions de décès par an dans le monde, affirme l'Organisation mondiale de la santé (OMS) dans son nouveau rapport sur la lutte antitabac. Une tendance « catastrophique » à la hausse, surtout dans les pays en développement, s'alarme l'agence.
seulement de la population mondiale habite dans des pays qui protègent totalement leur population en appliquant l'une des mesures fondamentales pour réduire la consommation de tabac », indique un communiqué de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) publié aujourd'hui à l'occasion de la parution d'un nouveau rapport sur la lutte antitabac dans le monde.
Ce rapport, qui fournit des données sur la consommation de tabac par pays, a été présenté aujourd'hui à New York par Margaret Chan, la directrice de l'OMS, avec le maire de la ville Michael Bloomberg.
Il montre ainsi qu'aucun pays n'applique complètement l'ensemble des six stratégies de lutte antitabac recommandées – dites stratégies MPOWER - et que 80% des pays n'en appliquent aucune.
Par ailleurs, l'épidémie touche maintenant les pays en développement, où devraient survenir 80% des huit millions de décès annuels attribuables au tabac prévus d'ici 2030.
« Il s'agit du tueur numéro un. Le tabac tue plus que le VIH/SIDA, la tuberculose et le paludisme réunis », a affirmé Douglas Bettcher, le directeur de l'Initiative pour un monde sans tabac de l'OMS, lors d'une conférence cet après-midi au siège de l'ONMU à New York.
Bien que plus de 150 pays sont parties à la (Convention-cadre) de l'OMS pour la lutte antitabac entrée en vigueur le 27 février 2005, il y a une tendance « catastrophique », a expliqué Douglas Bettcher, notamment en raison d'un accroissement de la consommation de tabac dans les pays en développement. La Chine et l'Inde sont, selon l'OMS, parmi les pays les plus touchés par cette hausse de la consommation.
« Les plus pauvres seront les victimes les plus nombreuses », a-t-il affirmé, en ajoutant que les sommes déboursées par certains foyers pour l'achat du tabac pouvaient représenter jusqu'à 10% des dépenses. « Certains foyers au Bangladesh dépensent dix fois plus pour le tabac que pour l'éducation », a-t-il déclaré, en dénonçant les effets de l'addiction.
L'industrie du tabac a vendu ses produits en expliquant que fumer était symbole de liberté et d'autonomie, en particulier auprès des femmes. « C'est pourtant le contraire, ce n'est pas de liberté qu'il s'agit, mais d'addiction », a lancé Douglas Bettcher en dénonçant les pratiques déloyales de cette industrie pour accroître ses profits.
Répondant à une question, il a aussi remis en cause l'idée que l'arrêt de la consommation de tabac dans certains pays pourrait signifier une baisse substantielle des impôts, et donc des ressources nationales. « Les coûts engendrés par la consommation du tabac sont largement supérieurs aux ressources provenant de la collecte des impôts prélevés sur les produits dérivés du tabac », a-t-il dit. « Il s'agit tout d'abord d'une question de santé publique », a-t-il rappelé.
De même, il a récusé l'idée que l'arrêt de la consommation pouvait avoir un effet négatif sur l'emploi. « La fabrication de cigarettes est de plus en plus mécanisée, et par conséquence le nombre d'emplois diminue drastiquement », a-t-il répondu.
Dans les villes où l'interdiction a frappé les commerces, comme aux États-Unis ou en Irlande, il n'y a pas eu de baisse du chiffre d'affaires, la mesure a été très populaire, a-t-il aussi argumenté.
Selon l'OMS, le tabac est responsable de la mort de la moitié de ses consommateurs. Si la tendance ne se modifie pas, il sera la cause de près d'un milliard de décès au XXIème siècle, contre 100 millions au XXème siècle.
La semaine prochaine, l'Organe intergouvernemental de négociation sur le commerce illicite de produits du tabac se réunira à Genève, afin d'élaborer un protocole sur le commerce illicite des produits du tabac.