L’action environnementale, le développement durable, les économies d’énergie et la lutte contres les pollutions de toutes sortes sont au centre du débat et de l’action politique. Après avoir alimenté la campagne présidentielle et débouché sur l’organisation du Grenelle de l’Environnement, ces questions trouvent aujourd’hui leur place dans les prochaines élections municipales précisément au niveau d’action et de responsabilité traditionnellement dévolues aux élus locaux.
Qualité des eaux, collecte et traitement des déchets, politique de transports en commun, gestion d‘importants parcs immobiliers sont, en effet, autant de responsabilités assumées par les municipalités avec une sensibilité environnementale plus ou moins grande et plus ou moins affichée. A moins de 100 jours des élections, les citoyens sont fondés à dresser le bilan des équipes municipales en place et à mesurer leur degré d’implication envers des préoccupations environnementales qui dépassent les clivages politiques traditionnels.
Délégation Action ou Délégation Abandon ?
L’analyse des sites Internet de la Ville de Paris et des 50 communes les plus peuplées d’Ile de France permet de dégager plusieurs tendances probablement communes à l’ensemble du territoire français. La première conclusion de cette analyse* est l’importance des actions concertées au niveau intercommunal. Bien des thèmes du développement durable ne peuvent en effet être gérés isolément en particulier dans une région fortement urbanisée. C’est à l’évidence le cas de la qualité de l’air, des transports en commun ou du traitement des déchets qui exigent une gestion commune à un niveau au moins intercommunal.
Ainsi, sur les 51 communes analysées, 21 font partie d’un EPCI (Etablissement Public de Coopération Intercommunale) à qui elles ont toutes délégué leurs compétences en matière d’environnement et de cadre de vie. Si la délégation à un opérateur ou à un syndicat technique(SIVU/SIVOM) répond largement à une logique d’efficacité, la communication sur un thème comme la gestion des déchets s’en trouve parfois plus émiettée et moins globalisée. Le citoyen peut en ressentir quelques frustrations. Se pose alors clairement la question de la gouvernance de ces structures, du pilotage des interventions des opérateurs et de la valorisation des actions du maire.
En effet, comment expliquer pourquoi les deux tiers des municipalités ne communiquent pas sur la mise en place d’un plan d’action environnemental concerté et formalisé ? Seulement trois communes sur 51 citent la mise en place d’un diagnostic bruit et aucune ne met en avant un programme de dépollution des sols. En revanche, les actions en matière de transports sont largement valorisées par les communes qui revendiquent leurs initiatives en matière de circulation douce, de modes de transports alternatifs (vélo...) et de gestion responsable des flottes automobiles municipales. Ces mêmes municipalités communiquent fortement sur leurs efforts en matière d’éducation à l’environnement et de démocratie participative ce qui démontre la prise en compte des problématiques de développement durable par les maires.
Passer de la mode à l’action
Pour autant ces initiatives louables ne suffisent pas et la plupart des villes doivent faire attention aux effets de mode et d’annonce qui témoignent d’un effort certes significatif mais encore bien insuffisant au regard de l’ampleur du problème, des attentes des citoyens et des nouvelles obligations légales et réglementaires issues du Grenelle de l’Environnement qui s’imposeront progressivement aux équipes municipales bientôt élues. Les actions en faveur du développement durable ne sont pas neutres pour les budgets municipaux et leurs coûts doivent être anticipés. De même, la délégation des responsabilités municipales et le partage intercommunal des actions à entreprendre forment des décisions politiques majeures qui engagent l’avenir de notre environnement. Entre promesses électorales et responsabilité environnementale, les candidats aux élections municipales sont face à une voie étroite et devront afficher des objectifs opérationnels concrets et les moyens de les atteindre pour convaincre un électorat de plus en plus exigeant.
* La collecte des données sur les sites Internet des communes et EPCI a été réalisée du 5 au 12 décembre 2007.