George W. Bush a assigné mercredi pour la première fois aux Etats-Unis un objectif au-delà du simple court terme pour réduire les émissions responsables du changement climatique, mais sans annoncer de nouvelle mesure précise ou contraignante.
Dans un discours à la Maison Blanche, M. Bush a fixé pour objectif, à un pays qui est l'un des tout premiers émetteurs de gaz à effet de serre, d'arrêter la croissance de ces émissions d'ici à 2025.
Mais il a proposé d'y parvenir en appliquant pleinement les textes américains existants, en encourageant les solutions technologiques et en favorisant le nucléaire et le charbon propre, ce qui lui a rapidement valu les critiques de défenseurs de l'environnement et de ses adversaires.
Si les Etats-Unis suivent ce que M. Bush a lui-même appelé ces "principes", "la croissance des émissions ralentira au cours de la prochaine décennie, s'arrêtera d'ici à 2025 et commencera à s'inverser ensuite, pour autant que la technologie continue à progresser", a-t-il dit, à la veille d'une réunion des grandes économies mondiales sur le sujet à Paris.
Pour atteindre cet objectif, M. Bush a préconisé une stratégie "construisant sur les solides fondations que nous avons en place".
Alors que le Congrès, où les adversaires démocrates de M. Bush sont majoritaires, se dispose à débattre d'un texte imposant des réduction des émissions, M. Bush et son administration opposent les intérêts de l'économie américaine.
De mauvaises légistations auraient un "coût énorme" pour l'économie américaine, a dit M. Bush.
M. Bush a longtemps signifié son opposition à des quotas d'émission qui s'imposeraient à des pays comme les Etats-Unis, mais pas à des économies en plein essor comme la Chine et l'Inde, et a préconisé les mesures volontaires. Cette opposition, qu'il justifie par la concurrence déloyale à laquelle seraient exposées les entreprises américaines, l'a désigné aux critiques de nombreux défenseurs de l'environnement, mais aussi d'alliés.
M. Bush a cependant infléchi le cap en 2007.
Les Etats-Unis n'ont pas ratifié le protocole de Kyoto, qui impose à ses signataires des limitations d'émissions de gaz et qui expire en 2012.
Mais M. Bush a lancé en juin 2007 une nouvelle initiative et un nouveau cycle de négociations associant les grandes économies mondiales, y compris la Chine et l'Inde, pour fixer d'ici à fin 2008 un objectif mondial à long terme de réduction des émissions.
Il a aussi signalé la volonté des Etats-Unis de participer simultanément à l'effort international pour trouver un nouveau système à la suite de Kyoto.
Passée la méfiance initiale devant l'initiative lancée par M. Bush et suspecte de court-circuiter l'ONU, le processus se poursuit jeudi et vendredi à Paris avec une nouvelle réunion des principales économies de la planète.
En énonçant pour la première fois un objectif à moyen terme, M. Bush signifie son engagement dans l'effort pour combattre le changement climatique.
Il a pressé mercredi les autres pays de fixer à leur tour leurs objectifs nationaux.
Il répond aussi aux pressions qui s'exercent de toutes parts sur lui: celles du Congrès, des tribunaux, mais aussi de ses partenaires internationaux et même du calendrier puisqu'il quitte la Maison Blanche dans bientôt neuf mois.
Il fait face aux Etats-Unis à la menace d'un imbroglio réglementaire.
Selon la Maison Blanche, le seul objectif énoncé jusqu'alors par M. Bush pour les Etats-Unis datait de 2002 et consistait à réduire de 18% d'ici à 2012 l'augmentation des émissions, objectif que les Etats-Unis sont en bonne voie d'atteindre avant l'échéance selon l'administration.