Au lendemain du grand happening du Grenelle, le Syndicat des énergies renouvelables espère que le gouvernement va tenir ses promesses. La loi devrait être soumise en juin au parlement. Le Syndicat des énergies renouvelables (SER) est "raisonnablement optimiste" sur le contenu de la future loi "Grenelle de l'environnement", alors que la France, qui prendra en juillet la présidence tournante de l'UE, est tenue par ses engagements européens.
"A quelques détails près, le projet de loi devrait reprendre les travaux des comités opérationnels (du Grenelle) auxquels nous avons participé et je suis raisonnablement optimiste", a indiqué le président du SER, André Antolini, lors d'un déplacement à La Réunion.
Il n'exclut pas des "tentatives du parlement pour le détricoter : on retrouvera les habituels suspects", dit-il en refusant de les nommer.
La loi, qui devrait être soumise au parlement en juin, doit décliner la proposition arrêtée lors du Grenelle à l'automne: passer de 11 millions de tonnes équivalent pétrole (Mtep) issus d'énergies renouvelables à 20 Mtep en douze ans. Parallèlement, l'UE, qui se veut exemplaire dans la lutte contre le changement climatique, vise une part de 20% d'énergies renouvelables dans la consommation des vingt-sept Etats membres, soit pour la France un objectif de 23%, contre moins de 10% environ actuellement. Pour le SER, il est même envisageable de viser d'emblée les 25% dans la consommation finale.
"Il y aura un coût d'investissement initial, de l'ordre de 2 à 3 milliards d'euros d'ici à 2020, dont une quote-part pour l'Etat, mais il s'y retrouvera rapidement avec la TVA, l'impôt sur les sociétés et l'emploi". Selon André Antolini, "ce sont 220.000 emplois nouveaux à créer si les objectifs sont réalisés, si l'on compare aux expériences conduites dans les pays voisins. Et de l'emploi local, non délocalisable".
"On a livré une boîte à outils complète, avec des objectifs par filières très précis et les instruments nécessaires pour les atteindre: il faut changer les réglementations, offrir des facilités aux collectivités locales et adapter les dispositifs fiscaux pour mieux les cibler", explique-t-il.
"Il n'est pas normal que les forages nécessaires à la géothermie ne soient pas éligibles au crédit d'impôt, alors qu'ils représentent au moins la moitié du coût d'installation", cite-t-il en exemple. "Nous préconisons aussi de réserver le crédit d'impôt aux pompes à chaleur qui se substituent aux chauffages électriques à résistance, comme sur les vieux convecteurs".
"Pour le photovoltaïque, il faut revoir le tarif en fonction des heures d'ensoleillement, afin de l'encourager au moins jusqu'à la Loire, pour ne pas le réserver au seul littoral méditerranéen. Mais il faut aussi compter avec les progrès technologiques dans cette filière qui vont permettre d'abaisser les coûts", dit-il.
"Il faut financer la chaleur collective renouvelable. Mais aussi, il est essentiel de restructurer la filière bois en gérant correctement les 15 millions d'ha de forêts françaises, peu ou mal exploitées", souligne André Antolini.
Pour l'éolien, pourtant en butte à de multiples oppositions locales, André Antolini estime que "c'est le plus facile: il faut 8.000 éoliennes supplémentaires et on sait où les mettre".
La Tribune.fr - 08/04/08 Lien permanent vers cet article : http://www.latribune.fr/info/IDCFD411C4700DFB2BC1257425002C80C9