Les Etats-Unis ont déclaré l'ours polaire d'Alaska une espèce en danger d'extinction requérant une protection particulière, en raison notamment de la fonte de la glace arctique, a annoncé le secrétaire aux affaires intérieures, Dirk Kempthorne.
"Aujourd'hui, je classe l'ours polaire comme une espèce menacée dans le cadre de la loi sur les espèces menacées", a déclaré le ministre chargé notamment des parcs nationaux, lors d'une conférence de presse.
Cette décision s'appuie notamment sur "l'importante disparition au cours de ces dernières décennies de la glace polaire, qui est vitale pour la survie de cet animal", a ajouté Dirk Kempthorne.
De plus, des modèles informatiques indiquent que "la glace arctique va probablement continuer à fondre dans l'avenir", a-t-il dit.
"Dans la mesure où les ours polaires sont vulnérables à cette perte de leur habitat, ils vont probablement se retrouver selon moi en danger d'extinction dans un avenir prévisible, qui est dans ce cas 45 ans", a-t-il ajouté.
Selon des études scientifiques commandées par le département des Affaires intérieures, les deux tiers des ours polaires auront disparu d'ici 2050 en raison de la fonte des glaces arctiques due au réchauffement de la planète.
Cette décision de placer l'ours polaire sous la loi dite "Endangered Species Act ou ESA" avait fait l'objet d'une recommandation du directeur du service fédéral des pêches et des espèces sauvages en janvier 2007.
L'administration Bush faisait aussi l'objet de fortes pressions de la majorité démocrate du Congrès pour officialiser cette décision.
Le représentant démocrate Edward Markey (Massachusetts, est), président de la commission spéciale de la Chambre sur le réchauffement climatique et l'indépendance énergétique, avait surtout insisté pour que l'ours polaire soit déclaré espèce en danger d'extinction avant la conclusion de contrats d'exploration pétrolières en Alaska en février.
Ces permis concernent des zones dans la mer de Chuckchi se trouvant à proximité d'habitats d'ours polaires.
Les glaces de mer et la banquise constituent le principal habitat des 25 000 ours polaires de la zone arctique.
En 2050, en Alaska, deux tiers des plantigrades auront disparu à cause de la fonte des glaces. La protection de l'espèce n'entravera pas l'exploitation pétrolière dans la région.
Mercredi, le secrétaire américain aux Affaires intérieures (DOI) a classé l'ours polaire d'Alaska sur la liste nationale des espèces menacées d'extinction (ESA). Une pétition dans ce sens avait été lancée en janvier 2007 par des associations écologistes qui avaient intenté un procès contre l'Administration. Cette dernière avait été sommée en début d'année par un tribunal d'arrêter une décision.
L'inscription sur la liste rouge s'appuie sur plusieurs études de l'US Geological Survey indiquant qu'en 2050, si le réchauffement continue au rythme actuel, 97 % de la glace arctique aura fondu et deux tiers des ours polaires auront disparu d'Alaska. Ce classement n'entraîne toutefois aucune modification en matière de politique climatique de la part des États-Unis, a tenu à préciser le secrétaire du DOI. Pour lui, la science n'a pas démontré que l'augmentation actuelle des températures est due aux activités humaines, comme l'affirment les derniers rapports du Giec (Groupe intergouvernemental d'experts sur l'évolution du climat). La protection de l'ours polaire n'entraînera donc aucune limitation de l'exploration pétrolière et gazière en Alaska.
Saluée comme une victoire
L'inscription sur la liste ESA a été saluée comme une victoire par des associations comme le WWF, qui ont affirmé leur intention de s'en servir comme d'un outil efficace de protection de l'habitat des animaux.
Les glaces de mer et la banquise constituent le principal habitat des 25 000 ours polaires sur l'ensemble de la zone arctique, répartis en dix-neuf populations distinctes. En hiver, ces grands prédateurs y chassent principalement les phoques.
Durant l'été, la réduction accélérée de la banquise observée depuis plusieurs années limite dangereusement leurs ressources alimentaires. Des plantigrades affamés ont déjà été observés dans ces immenses territoires à cette époque de l'année. Situés tout en haut de la chaîne alimentaire, les ours polaires concentrent dans leur organisme des substances chimiques toxiques. Les spécialistes estiment qu'ils vont devoir migrer dans les régions du Canada et du Groenland où les glaces restent en place au cours de l'été.