« Il faudrait que les mêmes moyens soient donnés à chacun d'accéder à la culture. Le livre, est, dans tout son archaïsme, l'outil idéal. » Le Nobel de littérature s'est exprimé dimanche. Il recevra son prix demain. Extraits du discours.
L'écriture, un temps de réflexion. « Pourquoi écrit-on ? Si l'on écrit, cela veut dire que l'on n'agit pas, que l'on se sent en difficulté devant la réalité, que l'on choisit un autre moyen de réaction, une distance, un temps de réflexion. Au point de départ de tout cela, pour moi, il y a la guerre. Non pas comme un grand moment bouleversant où l'on vit des heures historiques. Non, la guerre pour moi, c'est celle que vivaient les civils, et surtout les enfants très jeunes. Nous avions faim, nous avions peur, nous avions froid, c'est tout.
Réinventer la culture. « Que la littérature soit le luxe d'une classe dominante, qu'elle se nourrisse d'idées et d'images étrangères au plus grand nombre, cela est à l'origine du malaise que chacun de nous éprouve (lecteurs, écrivains). L'on pourrait être tenté de porter cette parole à ceux qui en sont exclus, les inviter généreusement au banquet de la culture. Pourquoi est-ce si difficile ? Les peuples sans écriture sont parvenus à inventer une communication totale, au moyen des chants et des mythes. Pourquoi est-ce devenu, aujourd'hui, impossible dans notre société industrialisée ? Faut-il réinventer la culture ? Elle est notre bien commun, à toute l'humanité. Mais il faudrait que les mêmes moyens soient donnés à chacun d'accéder à la culture. Pour cela, le livre, est, dans tout son archaïsme, l'outil idéal. Il est pratique, maniable, économique. Il ne demande aucune prouesse technologique particulière et peut se conserver sous tous les climats. »
La fibre militante. « Que dans ce troisième millénaire, sur notre terre commune, aucun enfant, quel que soit son sexe, sa langue ou sa religion, ne soit abandonné à la faim ou à l'ignorance, laissé à l'écart du festin. »Samedi, lors d'une conférence de presse, Jean-Marie Le Clézio avait déclaré : « L'intérêt de ce prix, c'est de faire ressentir la cohésion qu'il y a entre des écrivains d'horizons très différents [...]. La littérature, c'est favoriser quelque chose qui est absolument indispensable, qui est l'interculturalité. Il ne doit pas y avoir de culture dominante. Il y a beaucoup de cultures dans le monde, réduites au silence. Je suis un peu un militant de l'interculturel [...]. ». Pour le discours complet, cliquez ici !