Le Parlement européen bannit 22 substances pesticides
LEMONDE.FR 13.01.09
Les eurodéputés ont ouvert la voie, mardi 13 janvier, à l'interdiction dans l'Union européenne d'une vingtaine de substances entrant dans la composition des herbicides, fongicides et insecticides. Considérées comme cancérigènes, toxiques pour la reproduction ou ayant des effets perturbateurs sur le système endocrinien, beaucoup sont produites par les géants de l'industrie chimique allemande, Bayer et BASF.
Saluée par les écologistes comme l'une des législations les plus restrictives au monde en matière de pesticides, l'adoption de cette liste noire est "une victoire des Verts et des environnementalistes qui ont su collectivement résister aux énormes pressions" de l'industrie, s'est félicitée l'Italienne Monica Frassoni, coprésidente du groupe des Verts au Parlement européen. Fruit d'un compromis avec les 27 Etats membres, le texte entre en vigueur dès 2009. Deux fongicides (le Carbendazim et le Dinocap) seront interdits dès cette année, mais les dernières autorisations pour certains produits aux effets perturbateurs sur le système endocrinien n'expireront pas avant 2018.
"CONSÉQUENCES NEUROLOGIQUES ET IMMUNOLOGIQUES GRAVES"
"Il s'agit de 22 substances sur 500, soit moins de 5 %", expliquait le 18 décembre l'eurodéputée verte allemande Hiltrud Breyer, en marge d'une conférence de presse. Les industriels du secteur phytosanitaire annonçaient l'interdiction de 40 % des substances. "C'est une honte. On a abusé [des agriculteurs] avec des informations erronées. (...) Maintenant, l'industrie a toutes les raisons d'innover pour fabriquer des produits sûrs", avait-elle insisté.
Le Mouvement pour le droit et le respect des générations futures (MDRGF) a salué la nouvelle législation dans un communiqué, mais regrette que les débats aient dilué certaines restrictions initialement imposées à des produits susceptibles de "conséquences neurologiques et immunologiques graves pour le développement prénatal des enfants". Le MDRGF déplore l'absence de "mesure forte pour protéger les résidents des milieux agricoles exposés aux pulvérisations de pesticides", de "zone tampon" près des cours d'eau