La question du prix des services (gratuits) que nous rend la Nature , et par contraste du coût de sa dégradation, est le sujet qui monte des années à venir... Les ministres de l’environnement de l’Union Européenne ont lancé en 2007 une étude similaire portant cette fois sur la perte des écosystèmes et de la biodiversité. Et c’est à Pavan Sudhkev qu’ils ont confié la réalisation de ce rapport sur la biodiversité, parent pauvre des sujets écologiques médiatisés quoique support indispensable de notre existence. Selon Sudhkev, le problème vient du fait que, comme le disait Adam Smith, ce qui est très utile – comme l'eau, par exemple - n'a pas toujours une grande valeur alors qu’à l’inverse ce qui a beaucoup de valeur – comme par exemple les diamants - n'est pas forcément très utile. D’où sa conviction : pour bien gérer notre sécurité écologique, il faut donner un peu plus de valeur à l'eau, à la forêt, à tous les services essentiels rendus par la nature... que l’on ne sait pas mesurer aujourd’hui et que le capitalisme actuel échoue logiquement à prendre en compte, même si des efforts considérables ont déjà été faits en ce sens (on sait désormais, par exemple, que la valeur monétaire mondiale des services rendus par les écosystèmes s'élève à environ 32 349 milliards de dollars par an, là où le PIB mondial est de 68 623 milliards de dollars). Son étude, dont la publication est prévue pour 2010, a d’ores et déjà livré des premières conclusions édifiantes dans un rapport d’étape publié en juin dernier : 60 % des écosystèmes planétaires ont subi d'importantes dégradations au cours des dernières décennies et, si les tendances actuelles se poursuivent, 10 % des espaces naturels sont voués à la disparition d'ici à 2050. Pire encore : la dégradation des écosystèmes pourrait coûter 7% du PIB mondial chaque année, dès 2030, si on ne mobilise pas les gouvernements sur le sujet. Pour en savoir plus : rapport d'étape de Pavan Sukhdev en Français.