Nicolas Sarkozy a lancé, mercredi 2 juin, la préparation du 6e Forum mondial de l’eau qui aura lieu à Marseille en 2012. Il a appelé à expérimenter « un processus de concertation autour de l’eau entièrement nouveau, ouvert sur toutes les parties prenantes, à l’image de ce qu’a été en France, le Grenelle de l’environnement, rassemblant les ONG, les collectivités, les entreprises, les syndicats et les Etats. »
Le comité du Forum rappelle l’urgence de la situation actuelle, que la démographie courante ne fera qu’amplifier : 1,1 milliard d’êtres humains n’a pas accès à l’eau potable d’après l’ONU et 2,6 milliards n’ont même pas accès à des équipements sanitaires de base (Millenium Development Report 2005).
Le précédent Forum mondial de l’eau d’Istanbul en 2009 avait délivré une déclaration finale décevante puisque la ressource avait été reconnue comme un « besoin humain fondamental » et pas comme un « droit ». Dans la perspective du Forum de 2012, les professionnels des différents secteurs concernés (Energie, transport, alimentation…) seront amenés à collaborer avec les décideurs publics afin de réaliser des avancées concrètes, techniquement réalisables. Une implication multi-niveaux est prônée dans cette optique, à l’échelle locale. En France, c'est une loi de 2005, dite « Oudin-Santini », qui intègre cette exigence.
L’Union européenne a de son côté progressé dans ce domaine avec la directive-cadre Water Frameworkentrée en vigueur en 2000 et sa communication sur la rareté de la ressource en eau et la sécheresse dans l’UE, adoptée en 2007. Mardi 1er juin, le commissaire à l'Environnement Janez Potočnik a enfin ouvert la Semaine verte à Bruxelles avec quatre jours de débats consacrés à la biodiversité, soumise à la richesse de « l’or bleu ».
Interrogée par EurActiv.fr, la directrice de l'eau et de la biodiversité à la direction générale de l'aménagement, du logement et de la nature du ministère de l'Ecologie et membre du comité du Forum international, Odile Gauthier, confirme la nécessité d’un engagement multi-niveaux. Au delà de cette coopération, elle évoque le rôle de l'Europe dans la prochaine édition du forum. Pour qu’un « processus régional significatif » puisse émerger et peser dans les discussions, « la grande Europe et pas seulement l’Union Européenne » doit travailler ensemble.
Aucune mention de l’Europe n’a pourtant été faite par Nicolas Sarkozy dans son discours. Aujourd'hui, la Commission européenne est focalisée sur la mise en œuvre de sa directive-cadre. Néanmoins, l’institution développe un intérêt croissant pour le lien entre l’eau et le développement ainsi que la santé dans le monde, thèmes chers au Conseil mondial de l’eau, explique Odile Gauthier.
La France, en tant que pays d’accueil du Forum, pourrait être le leader du mouvement européen même s'il ne s’agit pas de « monopoliser l’ensemble de ce processus », ajoute-t-elle, mais de collaborer avec d’autres acteurs européens. Elle estime que les Néerlandais, très impliqués dans l’Association européenne de l’eau et les acteurs d’Europe de l’Est feraient de bons partenaires dans cette optique.
Le président français a confirmé la volonté de la France de conduire les discussions en promettant que la question de l’eau serait « au cœur des discussions » lorsque la France présidera le G8 et le G20 en 2011.
CALENDRIER
- 3-4 mai 2010 : Réunions préparatoires du Forum mondial de l’eau à Marseille.
- 2011 : Evènements préparatoires en vue du Forum mondial de l’eau et de « Rio+20 ».
- Mars 2012 : 6e Forum mondial de l’eau à Marseille.
- Courant 2012 : Sommet « Rio + 20 », deux décennies après la Conférence des Nations Unies sur l'environnement et le développement dans la ville brésilienne.