2010-09-07 'Energie 2007' |
Françoise Thiébault est membre de la Fédération Léo Lagrange et copréside un groupe de travail de la Commission de régulation de l'énergie consacré à la maîtrise de la demande d'électricité (MDE). Elle évoque le décret du décret du 31 août 2010 relatif au remplacement des compteurs électriques (Journal officiel du 2 septembre) Que vous inspire la publication du décret du 31 août 2010 ? Françoise Thiébault: C'est assez cocasse! Ce texte correspond au projet soumis au Conseil supérieur de l'énergie il y a plus d'un an, c'est-à-dire avant le début de l'expérimentation des compteurs communicants Linky par ERDF. C'est complètement absurde et décalé car, depuis, l'expérimentation a commencé et on voit bien que ce n'est pas si évident qu'on l'imaginait. Des problèmes se posent: système d'information, compatibilité avec les installations existantes, rythme de pose... Pourtant, le décret prévoit une mise en oeuvre extrêmement rapide de la généralisation, avant même qu'on aie les conclusions de l'expérimentation! On se demande si ce sera tenable... Quelle est votre position par rapport au financement par le turpe du déploiement des compteurs communicants? Françoise Thiébault: On l'avait relativement prévu car on savait très bien que ces compteurs seraient payés par les consommateurs. La question est celle du prix réel. L'évaluation initiale* ne semble plus être valable avec un prix de plus en plus élevé. Cependant, on peut admettre ce principe-là, un financement par le Turpe, à condition qu'il y ait réellement des bénéfices pour les utilisateurs. Et il y a deux types de bénéfices: - un bénéfice que je qualifierai de citoyen, permettant à la collectivité d'avoir un réseau plus adapté, mieux régulé, notamment en consommation de pointe; - les économies d'énergies réalisées par les consommateurs. Si l'on n'est pas capables de donner à chacun les bonnes informations, de manière gratuite, si, inversement, les informations disponibles sont payantes et annulent les bénéfices pour les consommateurs, alors on n'arrivera pas à promouvoir ces compteurs. Que les fournisseurs travaillent là-dessus est légitime mais nous devons être conscients qu'il n'y a pas égalité devant l'information de base. Et je ne suis pas sûre que l'information que capture un compteur communicant soit celle qui permet de faire des économies chez soi... Quelle solution préconisez-vous? Françoise Thiébault: Dans le cadre du groupe de travail de la CRE, nous développons l'idée d'un service public de la MDE. Nous avons déjà commencé à lister tous les éléments d'une grille d'analyse des besoins des consommateurs. Il s'agirait de définir trois niveaux d'information : - une information de premier niveau, gratuite et accessible à tous, - une information de deuxième niveau, un peu plus poussée pour les consommateurs qui veulent aller plus loin, que nous souhaitons également gratuite, - une information de troisième niveau, avec des services payants, du ressort du fournisseur. Comme il n'est pas possible de mettre plus d'une douzaine d'informations pour ne pas noyer le consommateur, nous voulons définir les plus pertinentes. Il faudra ensuite définir les supports adaptés: facture, Internet, téléphone mobile... Nous diffuserons les documents cette semaine aux membres du groupe de travail en vue d'une réunion fin septembre. L'objectif est de produire des "livrables" pour le Gouvernement en mars 2011. Dans ce cadre, le compteur évolué a toute sa place. Et par rapport à la généralisation? Françoise Thiébault: Les associations de consommateurs doivent se mobiliser pour faire en sorte que tout le monde soit gagnant dans ce processus. On peut donner aux consommateurs les moyens d'adhérer aux compteurs évolués, mais cela passe par des réponses claires en termes de finalités et de coûts. * 120 euros par compteur. Evalué par la FNCCR aux alentours de 250 euros, le compteur se situe, selon ERDF, entre 120 et 240 euros. |