ERDF défend le compteur électrique intelligent INTERVIEW - Malgré les critiques, Michèle Bellon, patronne de la filiale d’EDF, juge le compteur Linky efficace et économe. La présidente du directoire d’ERDF, la filiale d’EDF en charge de la distribution, est confrontée à plusieurs dossiers délicats.
LE FIGARO - La généralisation programmée du compteur communicant Linky soulève de nombreuses critiques…
Michèle BELLON - Rappelons tout d’abord que ce développement relève d’une directive européenne selon laquelle, à l’horizon de 2020, 80% des foyers devront être équipés d’un compteur communicant. Celui-ci, grâce à la précision des informations recueillies, est un progrès pour les consommateurs et le distributeur. Il permet d’apporter des informations supplémentaires aux clients sur leur consommation. Ils pourront ainsi mieux piloter leurs différents équipements électriques. Cet outil, dont l’installation globale ne dépassera pas les 4 milliards d’euros, est donc amené à jouer un rôle prépondérant en matière d’économie d’énergie.
Les premiers tests butent sur des obstacles techniques…
Nous sommes en phase d’expérimentation et nous ne rencontrons pas de difficultés majeures. Cette expérimentation va nous permettre d’optimiser les différents équipements. Grâce au compteur communicant, ERDF saura avant le client si l’alimentation est coupée et nous pourrons intervenir encore plus rapidement sans que nos équipes se déplacent et surtout sans mobiliser le client. Parallèlement, de nombreuses interventions ne nécessitent plus la présence du consommateur et pourront être réalisées dans des délais beaucoup plus courts, comme la mise en service, le changement de puissance… Pour tout le monde, c’est un gain d’efficacité. Quant à la transmission de données, toutes les informations clients sont strictement confidentielles et cryptées.
Pourquoi l’installation du compteur Linky est-elle à la charge du consommateur?
Le compteur communicant offrira un grand nombre d’avantages au client pour un euro par mois, notamment une réduction de sa consommation d’électricité. D’après l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe), sur une facture moyenne annuelle de 400 euros, l’économie est estimée à 50 euros par an.
Quelles actions allez-vous entreprendre pour améliorer la qualité de services d’ERDF?
Nos clients veulent à la fois des informations plus claires et des interventions plus rapides. Cela va nous conduire à simplifier les procédures. Par exemple, les délais de raccordement devraient rapidement diminuer. Les temps de coupure, qui ont doublé entre 2002 et 2009, vont bénéficier de la reprise des investissements sur le réseau. La sécurité d’alimentation de même que la qualité de fourniture sont au cœur de nos préoccupations. L’objectif étant de devenir la référence européenne des distributeurs.
Les installations d’ERDF sont-elles en mesure de supporter l’essor du renouvelable?
La vitesse de développement des énergies renouvelables est actuellement trois fois supérieure aux objectifs du Grenelle de l’environnement. Par exemple, la puissance des demandes de raccordement atteint les 3 000 mégawatts (MW) par an, pour un cap de 5400 MW en 2020. En matière d’équipements, ERDF ne peut pas suivre ce rythme. Nous sommes évidemment partisans de la croissance des énergies vertes, mais à condition qu’il s’agisse d’une croissance maîtrisée. Par ailleurs, ERDF finance la quasi-totalité des coûts de raccordement et de renforcement de ces installations. Financement qui de ce fait serait porté par le client final. Soit plus de 9 milliards d’euros d’ici à 2020 selon la tendance actuelle. Il serait légitime que les producteurs financent cet investissement.
ERDF et GrDF, la filiale de GDF Suez en charge de la distribution du gaz, partagent quelque 10 000 salariés. Un «démixage» est-il souhaitable ?
Sur le terrain, l’expérience montre que les équipes sont le plus souvent spécialisées : les unes dans l’électricité, les autres dans le gaz. Pour autant, dans la mesure où EDF et GDF Suez sont aujourd’hui directement concurrentes, une séparation s’inscrit dans le sens de l’histoire. Elle ne se fera que de façon concertée, avec l’ensemble des acteurs internes et externes et en aucun cas à leur détriment.
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Frédéric De Monicault