Tirs croisés sur les compteurs intelligents à 48 heures du dévoilement d’une expérience pilote par Ores (opérateur de réseaux) à Marche-en-Famenne et à Nivelles, la CGSP-ACOD et les associations de défense des consommateurs ont critiqué, mardi, l’équipement censé permettre un meilleur contrôle de la consommation d’énergie des ménages et des entreprises. Il s’agit, en fait, de remplacer les compteurs de gaz et d’électricité actuels par des modèles électroniques capables de transmettre en temps réels les données mesurées. "
Ce sont les gros fabricants, notamment Miele et Siemens, qui ont fait du lobbying au niveau européen pour que ces appareils soient imposés au sein de l’Union. Les gestionnaires et les fournisseurs entendent s’en servir pour introduire une tarification différenciée, mais au bout du compte, ce sont les ménages disposant de petits revenus qui supporteront le plus les coûts de ce projet ", dénonce Paul Vanlerberghe, responsable du collectif solidarité contre l’exclusion (Gazelec). La directive européenne impose que 80 % des compteurs d’électricité et de gaz soient "intelligents" en 2020. Selon une première estimation mise en avant par le syndicat socialiste, l’installation de ces compteurs reviendrait à 2 milliards d’euros pour la Flandre, 1,5 milliard pour la Wallonie et à 1 milliard à
Bruxelles. La CGSP ne s’oppose pas formellement aux compteurs intelligents. Mais elle veut prévenir des risques notamment financiers ainsi que des atteintes à la vie privée. Elle redoute aussi que l’arrivée des compteurs intelligents débouche sur des pertes d’emplois et la disparition du rôle social des agents qui relèvent les compteurs actuels. "
Le coût de chaque compteur est estimé à 400 €, voire 600 €, que les consommateurs doivent payer en une fois, mais qu’il faudra amortir sur dix ans. Or, le gain pour le consommateur moyen qui consomme 3 500 kWh/an varie entre 9 et 23 € par an, alors qu’il devra supporter des frais supplémentaires de l’ordre de 50 à 100 € par an ", renchérit un autre responsable de la CGSP. "
Les projets tests se font dans des communes dont les habitants ne sont aucunement représentatifs des ménages moyens (Woluwe-Saint-Lambert, etc.). D’autres questions aussi se posent, car on ne sait pas qui va traiter les données récoltées. De plus, en Belgique, environ 700 emplois directs (releveurs de compteurs) risquent de disparaître avec l’arrivée des compteurs intelligents, dont une centaine à Bruxelles ", analyse Philippe Demol, secrétaire national du secteur Gazelco. Il relève que contrairement aux
Pays-Bas, les Régions en Belgique n’ont pris aucune initiative législative pour assurer la protection de la vie privée des consommateurs.
De son côté, Test-Achats a estimé, mardi, qu’il faut laisser le choix aux consommateurs d’adopter ou non les compteurs intelligents. " Nous n’accepterons en aucun cas que ce soit seulement l’utilisateur qui en fasse les frais. Nous avons l’impression qu’on a surtout et d’abord songé aux intérêts du gestionnaire de réseau ", dit Test-Achats sur son site Internet. D’après le Centre de recherche et d’information des organisations de consommateurs (Crioc), il y aura des disparités entre les montants réclamés entre été et hiver, un surcoût sur la facture et l’intrusion dans la vie privée des ménages.