Trop cher, trop intrusif, sujet à caution quant aux économies d’électricité générées… A la salve de critiques qui s’abat contre le compteur Linky, l’un de ses fabricants répond : « Laissez-nous du temps. » Christian Huguet, directeur général de Landis+Gyr France, rappelle que « le projet est en phase d’expérimentation. Il faut bien sûr ajuster un certain nombre de choses, reconnaît-il, comme la remontée d’informations qui doit se faire conformément aux objectifs. »
Avec l'américain Itron et le Slovène Iskra, l'usine française de Landis + Gyr, basée à Montluçon, fait partie des trois fabricants de compteurs associés à la phase test de « Linky ». L'entreprise montluçonnaise n'a plus que 1500 compteurs monophasés à livrer d'ici le 31 décembre pour avoir rempli son contrat : 100.000 compteurs (dont 25.000 triphasés) et 3500 concentrateurs à fabriquer. Ce qui le place en bonne position pour décrocher une partie de la fabrication de 35 millions de compteurs nécessaires à la phase active du projet. l’entreprise brigue 40 % du marché des compteurs intelligents appelés à être progressivement installés dans les foyers entre 2012 et 2017.
L'usine Landis+Gyr en attente d'un second souffle
Christian Huguet, directeur général de Landis + Gyr France, espère obtenir 40 % de ce marché colossal. Ce qui lui permettrait de doubler voire tripler un chiffre d'affaires devant atteindre 28 millions d'euros en 2010. L'appel d'offres devrait être lancé au milieu de l'année 2011 et la fabrication des compteurs débuter dès 2012. Ce contrat marquerait le renouveau d'une entreprise installée depuis 1940 à Montluçon et qui a compté jusqu'à 900 salariés dans les années 80 avant de tomber à 105 aujourd'hui. Installée route d'Évaux-les-Bains depuis son transfert d'Alsace, l'usine a tellement rétréci (de 400.000 m2 à 130.000 m2) que certains Montluçonnais pensent que Landis + Gyr a quitté leur ville.
Au contraire, le projet Linky devrait permettre au groupe de conforter sa position dans le bassin. Afin de fabriquer 1,5 à 2 millions de compteurs par an, la société née en Suisse mais détenue par des capitaux australiens envisage de construire une nouvelle unité de production, près de l'usine Dunlop.Pour décrocher ce sésame, Christian Huguet fait notamment valoir « l’expertise technologique du site en matière de CPL » (courant porteurs en ligne), la présence d’un centre de R&D avec une trentaine d’ingénieurs sur place et le rayonnement mondial du groupe Landis+Gyr, qui permettrait au site français de « s’appuyer sur la chaîne logistique et industrielle du Royaume-Uni. » Le test interviendra mi-2011, lorsque les expériences menées dans les régions pilotes seront analysées. Des conclusions « négatives » appelleraient à un inévitable changement de cap. Cette option ne porterait pas un coup fatal à Landis+Gyr : l’entreprise travaille notamment au développement de compteurs modulaires. « Une petite expérience sur les évolutions », comme la qualifie Christian Huguet, qu’ERDF a demandée et pour laquelle l’allemand Elster a également été sollicité.