Le compteur électrique Linky se déploie sur fond de polémique Près de 180.000 compteurs « intelligents » seront installés avant la fin de l'année, indique ERDF, malgré l'accumulation des critiques contre ce projet. Les promoteurs du projet Linky visant à expérimenter, en Touraine et dans le Lyonnais, quelque 300.000 compteurs électriques « intelligents » - un préalable au remplacement des 35 millions de compteurs électriques traditionnels installés chez les particuliers - n'en finissent pas d'essuyer les plâtres... et les critiques.
Dans une note interne, l'Ademe (Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie) estimait ainsi voilà quelques jours que ces compteurs pourraient probablement permettre aux clients « de réaliser entre 5 et 15 % d'économies d'énergie à condition que la consommation exprimée en kWh puisse être consultée en temps réel et comparée avec une consommation standard ». Une fonctionnalité sophistiquée requérant des logiciels et des interfaces « hard » encore très loin d'être d'aplomb.
Ces doutes s'ajoutent aux interrogations plus anciennes émises par les collectivités locales, propriétaires en droit des compteurs, et par les associations de consommateurs, UFC-Que choisir en tête, sur le coût global d'un programme, fruit d'une demande explicite des instances européennes soucieuses de promouvoir les « smart grids » (réseaux intelligents), qui a oscillé entre 4 et 8 milliards d'euros. Ardoise qui devrait être intégralement prise en charge par les clients !
Le ministère de l'Écologie a jugé nécessaire, mi-septembre, de publier une mise au point annonçant le prolongement de la phase d'expérimentation jusqu'à la fin mars 2011 afin de prendre en compte la période hivernale, ce qui ne semblait pas avoir été jugé initialement pertinent (sic). Le ministère précisait aussi que le coût de ces compteurs ne « devait pas être supérieur au gain attendu par les consommateurs ».
Chez ERDF, on reste stoïque. Selon Jean-Luc Huet, conseiller spécial auprès de la présidente, « 180.000 compteurs devraient être installés avant la fin 2010 ». Sur cette base, il est « possible d'extrapoler un coût global de généralisation aux 35 millions de compteurs qui devrait être légèrement inférieur à 4,3 milliards d'euros (2 milliards pour le matériel, autant pour la pose et près de 300 millions pour le soft et la partie logiciel) ». Jean-Luc Huet ajoute que le relevé à distance de la consommation - utilisant les technologies GPRS et courant porteur en ligne (CPL) - ainsi que l'activation et le changement de puissance ont aussi été expérimentés avec succès.
En revanche, la liaison jusqu'aux fournisseurs d'électricité, qui seule permettrait d'échanger des données sur les profils de consommation, n'a été testée que sur... 22 machines, admet-il.
Jean-Luc Huet se risque toutefois à proposer un calendrier. Après la fin de la phase d'expérimentation, fin mars 2011, et la publication rapide de l'indispensable avis de la Commission de régulation de l'énergie (CRE), un nouveau cahier des charges préalable à un appel d'offres sera élaboré. « Les cartes vont être rebattues », prévient-il. Et le consortium mené par Atos, retenu pour l'expérimentation, ne devrait en aucun cas bénéficier d'un sauf-conduit.