Je vous recommande la lecture de cet article paru dans le journal Les Echos du mercredi 22 décembre. bel article de Julie Chauveau et d'Emmanuel Grasland.
Le processus de concertation a permis de réaliser qu'une importante file d'attente existait aussi au sein de RTE. EDF EN a déposé les trois quarts des projets. La première réunion de concertation relative à l'avenir de l'énergie solaire qui s'est tenue lundi a permis de réaliser que la bulle du photovoltaïque ne se limitait pas à une multitude de projets déposés auprès du gestionnaire du réseau de distribution ERDF. En parallèle, une quarantaine de projets plus importants ont récemment été déposés auprès de RTE, contribuant ainsi à l'engorgement.
Que s'est-il passé lors de la réunion ?
Le Réseau de Transport d'Electricité (RTE) a présenté un bilan détaillé des projets photovoltaïques présents dans sa file d'attente. La filiale d'EDF compte aujourd'hui 41 projets pour une puissance de 1283 mégawatts (MW), contre 3.578 MW chez ERDF, alors que le Grenelle de l'environnement vise une capacité installée de 5.400 MW en 2020. RTE a connu une forte accélération des demandes de raccordement en fin d'année. 26 projets ont intégré la file d'attente à partir du 2 décembre pour près de 700 MW. « L'ampleur de la file d'attente chez RTE constitue une découverte », explique-t-on au Syndicat des énergies renouvelables. « C'est même la première fois qu'on sait qu'il y a une file d'attente chez RTE », affirme le PDG de SolaireDirect, Thierry Lepercq. EDF Energies Nouvelles compte 980 mégawatts de projets dans cette file d'attente RTE. Soit les trois quarts des projets. Cet afflux de dossiers intervient alors que le gouvernement insiste depuis des mois sur la surchauffe de la filière solaire et la nécessité de réduire la voilure.
Que vont devenir les files d'attente de RTE et d'ERDF ?
En modifiant l'économie d'une partie des projets, le décret du 10 décembre va mécaniquement éliminer un bon nombre de ces dossiers. Selon ERDF, un peu moins de la moitié des projets en file d'attente (1,4 gigawatt) ne bénéficieront pas des anciens tarifs et devront donc recommencer la procédure. Dans le cas de RTE, 15 projets d'une puissance 584 MW ne sont pas touchés par les changements tarifaires. Pour autant, ils ne devront pas dépasser un délai de construction de dix-huit mois pour en bénéficier. Ce qui est techniquement difficile, compte tenu des procédures (enquête publique, permis de construire…)
Comment la filière solaire a-t-elle réagi au poids d'EDF EN ?
La révélation du poids d'EDF EN dans la file d'attente de RTE a suscité des tensions durant la réunion. Un participant évoque même « un défoulement collectif », tandis que d'autres n'hésitaient pas à parler d'un sentiment d'exaspération des opérateurs contre un « mastodonte plus proche de Dieu que les autres » accusé d'utiliser ses liens avec RTE pour faire avancer ses propres projets. Lors d'une réunion de la commission des Affaires économiques en novembre à l'Assemblée nationale, EDF Energies Nouvelles avait évoqué que sa part dans la file d'attente d'ERDF était comprise entre 300 à 400 MW (soit près de 10 % des projets) sans évoquer RTE. « Nous avons toujours dit que nous allions déposer pour 1.000 MW de projets afin de sécuriser la réalisation de 700 MW d'installations photovoltaïques et assurer des débouchés pour l'usine de panneaux solaires de Blanquefort », se défend David Corchia, d'EDF Energies Nouvelles .
Quelle est la prochaine étape ?
Les industriels cherchent à disposer d'une plus grande visibilité. Le 9 décembre dernier, Arnaud Gossement, avocat d'Enerplan, a envoyé un recours gracieux au gouvernement afin d'avoir la liste précise des projets et de leurs promoteurs. « C'est le noeud gordien du problème. Le 10 janvier prochain nous nous adresserons à la commission d'accès aux documents administratifs », explique-t-il. Le prochain rendez-vous de la commission de conciliation présidée par Jean-Michel Charpin aura lieu le 12 janvier. Le programme de travail fixé est la régulation des centrales au sol et des tarifs pour les particuliers. Entre-temps, les différents acteurs auront remis leurs propositions au rapporteur. Un projet de rapport est prévu le 11 février.