La ministre de l'Ecologie Nathalie Kosciusko-Morizet a reconnu mercredi que l'objectif pour la France en matière d'énergie photovoltaïque n'était pas atteint ajoutant que le moratoire sur les aides publiques allait permettre de se donner un nouveau cadre pour la filière. Exceptés les objectifs en terme de volume énergétique qui sont "très largement atteints", les autres objectifs environnementaux et de développement industriel "restent très insuffisants", a indiqué la ministre.
Fin septembre des installations produisant 720 MW d'électricité solaire avaient été raccordées au réseau, selon les chiffres fournis par le ministère alors qu'il existait à la même date une file d'attente pour des projets représentant 4.100 MW. L'objectif indicatif pour l'énergie photovoltaïque fixé par le Grenelle de l'environnement visait 5.400 MW en 2020. "On ne peut pas aujourd'hui parler de filière photovoltaïque en France", a-t-elle estimé soulignant qu'on est "entré dans un marché de fournisseurs étrangers ce qui n'était pas le but", allusion aux panneaux solaires bon marché et aux faibles performances environnementales produits par la Chine.
Actuellement, a-t-elle constaté, l'essentiel des emplois dans le domaine du photovoltaïque en France se trouve dans les bureaux d'étude et les entreprises d'installation. "Notre objectif est de créer un équilibre environnemental et industriel de la filière", a-t-elle insisté en précisant qu'il "n'était pas légitime que les subventions filent comme l'eau dans le sable".
Le gouvernement, qui souhaite remettre à plat un système jugé trop coûteux et enrayer la spéculation, a suspendu début décembre pour trois mois l'obligation pour EDF de racheter l'énergie solaire aux conditions tarifaires actuelles. Les professionnels de la filière ont déposé un recours en annulation du moratoire devant le Conseil d'Etat. Certains producteurs ont, selon la ministre, inscrit leurs projets dans la file d'attente pour se garantir un prix de rachat de l'électricité alors qu'ils n'allaient réaliser ces projets que dans 2 ou 3 ans avec des prix de panneaux solaires très inférieurs. Aussi le traitement de la file d'attente via le décret de suspension et la refonte en cours du dispositif "ont pour but de limiter le coût du photovoltaïque à 2 milliards d'euros par an pendant 20 ans contre 4,5 milliards par an en cas d'inaction", selon une évaluation du ministère.