Les grandes entreprises soucieuses de l'efficacité énergétique de leurs bureaux
Rationalisation de l’espace et réduction des consommations
Le parc tertiaire existant représente entre 97 et 98% des bâtiments. Et parmi eux, nombre de passoires énergétiques. Mais avant d’envisager la rénovation thermique, une première réflexion sur l’espace occupé s’impose. C’est du moins l’avis de Rémi Feredj, directeur immobilier de la RATP. « Nos boîtes consomment trop de m2 ! A la RATP, nous avons divisé par deux nos implantations depuis 1990, et ensuite, nous avons mis en place un modèle de gestion énergétique de nos locaux. » Effectivement, ces quinze dernières années, la RATP a progressivement concentré près de 15 000 salariés au sein de trois pôles principaux, et optimisé de 30% le taux d’occupation de ses bureaux. Un gain immédiat en terme de consommation énergétique.
Dans les secteurs où l’activité est décentralisée par nature, notamment celui des banques et assurances, l’amélioration de la performance repose davantage sur la réduction systématique de la consommation. La Société Générale a ainsi élaboré un référentiel « Bâtiments responsables » à l’attention de toutes ses entités. « Nous avons distribué ce guide à vocation pédagogique à tous les responsables d’agences. Dans un premier temps, il s’agissait de créer une série d’indicateurs pour qu’ils puissent mesurer leur propre consommation, puis de leur fournir des informations pour mettre en œuvre une stratégie d’amélioration », explique Jean-Marc Castaignon, directeur immobilier du groupe. « Nous devons aussi capitaliser sur les initiatives locales. Par exemple, le directeur de notre filiale polynésienne est très attaché aux questions environnementales. Il a fait rénover l’isolation thermique de l’agence de Tahiti, et installer des panneaux solaires en toiture, de sorte qu’aujourd’hui, cette agence est autonome en énergie à 93%. »
Comme le souligne Christian Caye, délégué au développement durable chez Vinci, « des solutions techniques existent pour améliorer l’efficacité énergétique des bâtiments existants. Cela relève donc d'une décision managériale. » Et par exemple, de mettre en place un système de gestion automatisé, qui, via de nombreux capteurs, module la consommation selon l’occupation des locaux, le taux de luminosité et la température ambiante.
L’éco-conception pour les constructions neuves
Ce type de système est d’ailleurs de plus en plus souvent intégré d’office aux bâtiments neufs. « La volonté de réaliser des bâtiments à meilleure performance énergétique est aujourd’hui unanime, explique Christian Caye. Mais cela suppose que les concepteurs, architectes et bureaux d’études, conçoivent des bâtiments modulables qui pourront intégrer les évolutions technologiques, sachant qu’un bâtiment « vit » en moyenne 80 ans. Nous devons imaginer des bâtiments modulables. » Au rang des réalisations récentes les plus performantes, la Tour Granite, premier « immeuble de grande hauteur à haute qualité environnementale », siège social de la Société Générale, consomme aujourd’hui 154 kWh/m2/an, et accueille entre 4100 et 4300 collaborateurs au quotidien. Quant au Hive de Schneider Electric (Hall de l’innovation et Vitrine de l’Energie), il consomme en moyenne 110 kwh/m2/an pour 1700 occupants. Les deux ouvrages, occupés depuis bientôt deux ans, affichent nombre de labels et certifications, et surtout, des objectifs d’amélioration continue ambitieux.
Le comportement des usagers, un facteur déterminant
« Sur un bâtiment à énergie positive, 25% de la performance énergétique dépend du comportement des usagers, précise Christian Caye. Très vite après l’installation dans les locaux, on observe des dérapages dans les comportements. De fait, l’efficacité nominale est différente de l’efficacité réelle. Or, 1°C de chauffage en plus, c’est 7% supplémentaires sur la facture d’électricité. » Pour limiter ces écarts dans les comportements, Schneider Electric a élaboré des solutions techniques de gestion automatisées, et les applique à ses propres bureaux. Gilles Vermot-Desroches, directeur développement durable du groupe, en témoigne. « Il s’agit de pouvoir faire hiberner un bâtiment. Quand nous sortons d’un bureau, au bout de dix minutes, la lumière, la climatisation ou le chauffage s’éteignent, et les stores se baissent si besoin. »
Ces outils d’automatisation, en limitant l'action des usagers, permettent donc d’assurer les objectifs affichés. Et de rassurer les investisseurs (voir article lié). Car même si la certification environnementale des bureaux n'est pas encore valorisée sur le marché immobilier, l'absence de prise en compte de critères environnementaux peut entraîner une perte de valeur.
Anne Farthouat |
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