Les deux géants mobilisés sur la gestion des énergies renouvelables et de la voiture électrique.
Deux géants, l’énergéticien français Alstom et et l’Américain Microsoft, scellent leur alliance autour des smartgrids. Pour commencer, ils travailleront ensemble sur des systèmes de maitrise d’énergie pour les écoquartiers. Dans ce domaine, très convoité, ils seraient les premiers.Convaincus que réseaux énergétiques et technologies de l’information ont un avenir commun, Microsoft et Alstom viennent d’officialiser leur collaboration autour des smartgrids. Moins centralisés, plus robustes, plus économes, ces réseaux électriques du futur seront capables de gérer les énergies renouvelables, d’intégrer les véhicules électriques, de répartir la charge de façon plus dynamique, d’anticiper et pallier les pannes, etc.
Les deux géants commenceront par aider des villes à mieux maitriser la consommation et l’éventuelle production énergétique de certains de leurs quartiers – en particulier les nouveaux écoquartiers. Pour ce faire, ils comptent proposer un système logiciel qui récupérera les informations de consommation et de production des individus, des immeubles, des bureaux puis les analysera et les traitera afin de piloter l’ensemble. Alstom apporte entre autres sa compétence de numéro un mondial du pilotage de la production et de la distribution électrique. Et Microsoft apporte bien sûr ses compétences logicielles. Les développements s’appuieront ainsi sur sa plate-forme collaborative Lync Server 2010, son environnement de développement .Net et sa base de données SQL Server. Les deux acteurs étudieront aussi l’hébergement en cloud privé et public de leur solution. Si aucun des deux acteurs ne fournit les détails de leurs accords, on sait en revanche qu’il fait suite à une collaboration d’une dizaine d’années dans le domaine de l’énergie sur lequel ils ont déjà des équipes dédiées à leurs projets communs. Avec cet accord, ils prolongent donc leurs travaux de R&D collaboratifs. Mais ils font aussi en sorte de lancer leurs premières expérimentations et sont, pour ce faire, entrés en contact direct avec certaines mairies dans l’Hexagone. La France servant de pays pilote. Un moyen de tester le smartgrid à un niveau local.
Une révolution. Chez Microsoft, on est convaincu que les réseaux électriques intelligents seront à l'énergie ce qu'Internet a été à l'informatique: une profonde mutation. Le numéro un mondial du logiciel a annoncé jeudi le renforcement de son partenariat sur ce sujet stratégique avec le groupe français Alstom. Les deux multinationales collaborent en réalité depuis dix ans sur les smart grids, l'anglicisme qui s'est imposé pour désigner les réseaux électriques du futur. Alstom possède en effet un «centre d'excellence» à Redmond, la banlieue de Seattle, berceau de la société de Bill Gates.
À la croisée des infrastructures électriques et de l'informatique, les smart grids devront assurer l'équilibre complexe entre une production électrique intermittente (énergies éolienne et solaire) de plus en plus décentralisée et une demande plus mobile (voiture électrique), dans un contexte de recherche d'économies d'énergie. Dans ses nouveaux bureaux inaugurés cet été à Massy (Essonne), Alstom Power fait fonctionner un réseau intelligent à l'échelle du bâtiment, telle une minicentrale électrique qui gère l'injection dans le réseau de la production des panneaux solaires et des petites éoliennes du site, explique Laurent Demortier, vice-président d'Alstom Power chargé de la gestion de l'énergie.
Projets d'éco-quartiers
Afin de passer à l'échelle supérieure, Alstom démarche activement les maires de villes porteurs de projets d'«éco-quartiers», comme Nice, Grenoble ou Bordeaux. La coentreprise tout juste créée par Alstom avec Bouygues, EMBIX, proposera des logiciels et des services développés avec Microsoft pour assurer le suivi en temps réel de la consommation électrique ou la revente du courant produit par les particuliers. La gestion fine des réseaux électriques va nécessiter des capacités de calcul accrues qui s'appuieront sur l'informatique décentralisée (cloud computing), qu'Alstom commercialisera sous la nouvelle marque «Power Cloud».
Quels investissements représente le sujet smart grid pour Microsoft et Alstom? «Le sujet est trop disséminé, trop transversal pour donner un chiffre», répond pudiquement Rob Bernard, le «M. Smart grid» de Microsoft. Chez Alstom, la réponse est plus directe: «Ce sont des chiffres stratégiques sur lesquels nous ne communiquons pas.» Et pour cause, tous les grands industriels du secteur se mobilisent, à commencer, en Europe, par l'allemand Siemens et l'helvético-suédois ABB. En France, l'État va consacrer au sujet 250 millions d'euros dans le cadre du grand emprunt. Pour autant, reconnaît Laurent Schmitt, chargé des solutions smart grid chez Alstom, comme aux débuts d'Internet, les acteurs s'interrogent encore sur le modèle économique des réseaux électriques intelligents. Par Fabrice Nodé-Langlois
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