Des usagers prescripteurs
À mesure que se multiplient leurs usages personnels, les actifs "sont de plus en plus prescripteurs et exigeants en matière d’accès aux outils numériques au travail", relève Microsoft. Non sans arrière-pensées : le groupe rappelle qu'il bénéficie d'une "position privilégiée au cœur des foyers et des entreprises." Ce qui lui aurait déjà permis d'adapter ses offres aux "attentes exprimées autour de la fluidité entre les usages personnels et professionnels, de la mobilité, de la collaboration ou de la sécurité." Par exemple avec ses outils de communication unifiée (Lync) et de collaboration (Sharepoint) ou son disque virtuel accessible depuis n'importe quel terminal fixe ou portable (Skydrive). Dans l'entreprise, "80% des actifs et 96% des étudiants n’imaginent pas travailler sans accès à Internet", indique Microsoft, en soulignant que les jeunes semblent plus exigeants que leurs aînés : "79% des étudiants équipés n’imaginent pas travailler sans leur smartphone" ; "50% sans une messagerie instantanée" ; "49% sans une application pour lire les vidéos" ; "et même 43% sans leur compte sur un réseau social"...
Le grand public stimule l'innovation
Autre tendance de fond : "la très grande majorité des innovations naissent aujourd'hui sur le marché grand public, relève de son côté Christophe Toulemonde, un analyste du cabinet français Jemm Research. Facebook, les tablettes, les smartphones... toutes ces innovations viennent d'abord du grand public et s'imposent ensuite dans les entreprises. Autrefois c'était l'inverse."
Pour les entreprises et les éditeurs, les conséquences sont multiples. "Cela signifie qu'ils vont devoir être en veille sur le marché grand public, où tout se passe", confie l'analyste. "Cela implique aussi qu'ils vont devoir adapter leurs offres aux nouvelles habitudes prises par les utilisateurs, par exemple en simplifiant à l'extrême les procédures, poursuit-il. Le mode d'emploi de l'iPhone tient sur deux pages quand il faut parfois deux semaines de formation sur certains progiciels métiers."
Reste que les deux univers personnels et professionnels demeureront distincts dans le numérique. "Il faut différencier ce qui passe sur le marché grand public et ce qui est souhaitable dans le cadre organisé de l'entreprise, tempère Christophe Toutlemonde. Certaines applications – le partage de photos, par exemple – n'ont pas de sens dans un cadre professionnel, sauf dans des cas assez rares." La convergence aura forcément des limites...
par Christophe Dutheil