Roulez bio avec une pastille verte ! Sincèrement angoissés par le réchauffement climatique, les candidats au trône carburent au bio. Discours durable ? Le temps que les lobbies pétrolier et agricole se paient une virginité sur le dos des morts de faim. LA COURSE AU PÉTROLE VERT est lancée.
Chez les poids lourds de la présidentielle, les biocarburants font l’unanimité, histoire de racoler les bobos tendance nature. Chez les blouses blanches, on est à fond pour tester le procédé à grande échelle en avalisant la transformation industrielle du maïs ou du soja en éthanol. Mais voilà : un litre de pétrole vert réclamerait un litre de pétrole fossile et beaucoup trop d’hectares pour satisfaire toute la demande... Du coup, les labos s’orientent vers les algues et les champignons ! Le projet européen Nile expérimente le modelage des génomes de champignons filamenteux, de l’éprouvette jusqu’aux essais moteurs. Les accords entre le Brésil et les États-Unis pour l’exploitation de trente millions d’hectares de canne à sucre sont déjà signés. Total, Ford, Dreyfus et Monsanto passent à l’attaque pour rafler le marché de l’éthanol et du biodiesel. Qui l’emportera ?
Chez les poids lourds de la présidentielle, les biocarburants font l’unanimité, histoire de racoler les bobos tendance nature. Chez les blouses blanches, on est à fond pour tester le procédé à grande échelle en avalisant la transformation industrielle du maïs ou du soja en éthanol. Mais voilà : un litre de pétrole vert réclamerait un litre de pétrole fossile et beaucoup trop d’hectares pour satisfaire toute la demande... Du coup, les labos s’orientent vers les algues et les champignons ! Le projet européen Nile expérimente le modelage des génomes de champignons filamenteux, de l’éprouvette jusqu’aux essais moteurs. Les accords entre le Brésil et les États-Unis pour l’exploitation de trente millions d’hectares de canne à sucre sont déjà signés. Total, Ford, Dreyfus et Monsanto passent à l’attaque pour rafler le marché de l’éthanol et du biodiesel. Qui l’emportera ?
Nicolas Hulot, l’anesthésiant du débat politique, a mis de l’huile dans le moteur. Du coup, les candidats roulent sur un 2-temps : climat d’insécurité et insécurité du climat. Au chapitre Énergie et Transports du programme des quatre principaux candidats ? Un simple copier-coller des directives économiques internationales. Ségolène rabâche le rapport du 10 janvier de la commission européenne. Il faut « anticiper l’épuisement du pétrole en soutenant massivement les énergies renouvelables et encourager les contributions des agriculteurs à la fourniture d’énergie ». Même purin pour Le Pen, qui annonce « la substitution, à hauteur de 10 %, des importations de pétrole par les carburants verts ». Côté Bayrou, rien de nouveau sous le soleil : « Taxation "progressive" des énergies fossiles ». Quant à Sarkozy, l’épuisement des sols, connaît pas : « L’agriculture a une carte à jouer car les biocarburants sont de nouveaux marchés solvables » ! L’écologie est absente de son abécédaire. Belle leçon d’hypocrisie ! Ces programmes aux allures publicitaires servent tout au plus de témoins de mariage aux industries agricole et pétrolière. (JPEG)
Utilisé dans la fabrication de l’éthanol, le sucre est un enjeu exemplaire. Les pays de l’Union entendent en importer à moindre coût en sortant vainqueurs du cycle de négociations en cours à l’OMC. L’affaire est trop juteuse pour s’attarder sur les impacts environnementaux et sociaux de l’agriculture intensive. Robert Louis-Dreyfus prend les devants avec sa filiale LD Commodities. Pas étonnant que l’Olympique de Marseille souffre d’obésité : RLD est le n°2 du sucre et de l’éthanol au Brésil. Un pactole de 1,9 milliard de dollars en 2006, grâce à l’implantation de cinq nouvelles usines. Les trusts semenciers s’arrachent les brevets. Après le scandale des OGM dans l’alimentation, Monsanto se reconvertit dans les biocarburants.
Mais comble de malchance, son maïs montre des faiblesses de rendement en éthanol ! Alors la firme s’est trouvé un complice en destruction massive. En août dernier, le géant vert a signé un partenariat de trois ans avec Sandia National Laboratories, du groupe Lockheed Martin, spécialiste des projets militaro-nucléaires US. Les marchands de canons sont de la partie, et rien de contre-nature là-dedans. Après tout, Monsanto fabriquait déjà le fameux Agent orange, un herbicide plutôt guerrier dont plus de 41 millions de litres furent déversés sur le Vietnam. « Les carburants végétaux ne sont ni verts, ni bios, ni équitables. »
Plus près de chez nous, les rois du pétrole jouent des coudes. Shell, BP et Total se partagent le butin et redorent leur blason en proposant des carburants verts à la pompe. Quant à l’industrie automobile, elle n’a pas manqué le rendez-vous du salon de l’agriculture 2007. Dans le hall 2, ils étaient presque tous là : Peugeot, Ford, Renault... Dans cet univers merveilleux, les favoris à la présidentielle participent cheveux au vent à la foire aux mensonges. Et ce malgré le cri d’alarme de l’association Kokopeli : « Les carburants végétaux ne sont ni verts, ni bios, ni équitables. » Des villages d’indigènes colombiens ont été rasés et leurs terres confisquées : des champs de palmiers à huile ont pris leur place pour fournir du biodiesel.
Au Brésil « 200 000 migrants coupent à la machette la canne à sucre, douze heures par jour et pour un salaire de misère. La nuit, ils sont entassés dans des baraquements sordides. Tous les ans, des migrants-esclaves meurent de chaleur ou d’épuisement ». Le professeur Pimentel conclut que la production des biocarburants, gourmande de charbon et de pétrole, réchauffe davantage la planète que l’essence ! Transformer des aliments en pétrole... Les présidentiables s’en tamponnent d’autant plus volontiers que ça paye au contrôle d’Alliance pour la Planète, la popote à Hulot qui distribue les bons points : 16 sur 20 pour Royal et 13 sur 20 pour Bayrou. Fidel Castro, en congé maladie, a quand même rendu sa copie lors des négociations latino-américaines en déclarant que les biocarburants condamnaient trois milliards de personnes à mourir prématurément de faim ou de soif. Si cela arrivait, quelle note Hulot mettrait-il aux génocidaires bio ?
Article publié dans CQFD n° 44, avril 2007