Limay, capitale de l'éco-industrie
Leader du traitement des déchets industriels, Sarp-Industries a donné le ton, il y a déjà plusieurs décennies. Avec l’arrivée, en 2008, de trois nouvelles usines spécialisée dans le recyclage des déchets, Sita pour les bouteilles plastiques, GDE pour les métaux ferreux et Sarp-Industries pour le biodiesel fabriqué à partir des huiles usées de la restauration, le port autonome de Limay devient un grand pôle français de l’éco-industrie. Développement économique tourné vers l’environnement, utilisation maximum du transport fluvial et création d’emplois à la clé : l’écologie, ça marche !
Limay va recycler vos vieilles bouteilles de plastique. Le conseil d’administration du port autonome vient de donner son accord pour l’implantation de la société France Plastique Recyclage (Groupe Sita). L’entreprise prévoit de recycler 40 000 tonnes de bouteilles par an dès 2009.
Les installations comprendront un bâtiment industriel d’un hectare, des silos et une plate-forme de stockages de deux hectares, une station de traitement des eaux usées et 500 m2 de bureaux.
Les bouteilles seront conditionnées majoritairement en balles en provenance des points de collecte actuels ou futurs du Syctom (Issy-les-Moulineaux, Ivry-sur-Seine, Bobigny) ou du groupe Sita dont les points de collectes se situent à Gennevilliers et Bonneuil-sur-Marne.
Retour à la source
Les bouteilles arriveront jusqu’au port de Limay par bateau auto-déchargeant. Après avoir été triées, lavées, broyées et transformées en granulés par extrusion, les anciennes bouteilles trouveront une seconde vie. Nouveauté dans la technologie de la revalorisation : elles retourneront à l’industrie alimentaire au lieu d’être transformées en couettes ou en pulls polaires.
20 millions d’euros
Le groupe Sita va débourser près de 20 millions d’euros pour ce projet qui devrait permettre la création de soixante emplois. À la mairie de Limay on se félicite de l’arrivée de cette nouvelle entreprise. « Nous sommes heureux d’accueillir une entreprise qui devrait créer soixante emplois. De plus le transport des bouteilles par voie fluviale permet d’éviter les transports sur les routes », déclare le maire de Limay, Jacques Saint-Amaux.
Outre l’Ile-de-France, une partie des flux de bouteilles proviendra d’origines plus lointaines, Les Antilles notamment.
Pour l’heure la société France Plastique Recyclage prépare son dossier de demande d’autorisation. L’installation sera également soumise à une enquête publique.
Le port autonome de Limay, c’est :
• 450 entreprises implantées sur 1 000 hectares
• 10 000 emplois directs
• 60 000 emplois indirects
• 80 millions de tonnes de marchandises
• 20 millions de tonnes de marchandises par voie d’eau
• 62 millions d’euros de chiffre d’affaires
Sarp-Industrie, numéro 1 mondial
L’activité de traitement et de valorisation des déchets spéciaux est née, il y a plus de 30 ans, sur le site de Limay avec Sarp Industries, le plus gros centre de ce type en Europe. Depuis, de rachat en regroupement, la gestion des déchets spéciaux a intégré Veolia Propreté (division “Déchets” du groupe Veolia Environnement). Aujourd’hui, Sarp Industries est présent dans le monde entier (2 000 collaborateurs et plus de 2 millions de tonnes de déchets spéciaux traités et valorisés).
« Son expertise et sa capacité d’innovation permettent de répondre aux nouveaux enjeux du développement durable, particulièrement en matière de préservation des ressources naturelles : valorisation des métaux, des hydrocarbures, production de biocarburants, recyclage des piles et des tubes fluorescents usagés », explique le service communication.
Une première en France
Du biodiésel avec de la vieille huile à frites
Faire du biodiésel avec des huiles usagées de friture, c’est possible. C’est le projet que porte Sarp-Industries. En effet, début 2006, la zone portuaire de Limay a été retenue par le gouvernement sur la liste des seize sites qui devront accueillir des usines de biocarburants en France.
Économie de CO2
Objectif national fixé après consultation des pétroliers, des professionnels du monde agricole et de l’industrie automobile : « Faire progresser le développement des biocarburants pour atteindre au minimum 5,75 % dans l’essence et le gazole d’ici à 2008 ». L’enjeu est énergétique et environnemental. On estime que chaque litre de biodiésel consommé c’est 2,5 à 3 kg de CO2 d’économisés. Pas seulement parce que les biocarburants dégagent beaucoup moins de gaz à effet de serre que l’essence ou le gazole ordinaire, mais aussi parce qu’ils utilisent moins d’énergie dans leur processus de fabrication. C’est la planète qui le réclame !
La future usine de Limay sera réalisée et financée par Sarp-Industries (division propreté du groupe Veolia Environnement, le géant mondial, leader toutes catégories des servies à l’environnement). Coût de l’investissement : 22 millions d’euros. L’usine sera capable de traiter 60 000 tonnes par an d’huiles usagées provenant des restaurants et des cantines des collectivités pour les transformer en biodiésel. La collecte sera réalisée par Ecogras (filière de Sarp-Industries) numéro 1 français dans son domaine d’activité. Ecogras effectuera le prétraitement : « Les huiles usées de cuisine, c’est 80 % d’huile et 20 % d’eau, accompagnés de résidus de cuisson. La première opération consiste à retirer les sédiments et l’eau. On obtient une huile dégradée. C’est ce produit qui sera transformé en biocarburant à l’usine de Limay », explique Laurent Bromet responsable du projet.
À toute vapeur !
L’usine ne se contentera pas de produire un carburant “bio”. Elle sera aussi “écolo” dans son mode de production. En effet, l’énergie pour faire tourner le site sera fournie par la vapeur produite chez Sarp-Industries. Un bel exemple de récupération. Quant au transport des produits, il se fera essentiellement par la voie fluviale.
Pour l’heure, le projet en est à la phase d’enquête publique. Elle a débuté le 7 mai. À l’issue du processus de consultation, il faudra attendre l’arrêté préfectoral d’exploitation pour entamer les travaux de construction. Le chantier devrait durer un an. L’usine pourrait démarrer son activité dans le second semestre 2008. Elle emploiera une vingtaine de personnes, sans compter les emplois indirects.
Francine Carrière
GDE : la renaissance de la matière
Après avoir repris l’ancienne casse automobile Sofeber, le groupe GDE (Guy Dauphin Environnement, groupe Ecore) prévoit d’installer une usine de recyclage des métaux ferreux en bordure de Seine, sur le port autonome.
GDE possède déjà cinq centres de ce type en France et une trentaine d’unités plus petites. Il est également implanté en Hongrie, en Pologne et en Turquie. Son slogan : la renaissance de la matière.
À Limay, il s’agit d’implanter un énorme broyeur, l’un des plus gros existants en Europe pour réduire en copeaux carcasses de voitures et d’électroménager, chutes métalliques des presses industrielles, notamment celles de l’automobile. Bref, tout ce qui est en métal ferreux et qui a vécu passera dans les mâchoires de ce puissant broyeur pour devenir ce que l’on appelle dans le métier une “matière première secondaire” et retourner à l’industrie.
« Aujourd’hui, 80 % des déchets ferreux que nous collectons sont recyclés. Nous sommes toujours à la recherche de moyens nouveaux pour améliorer cette performance », explique Alban Grosvallet, le responsable environnement et sécurité de GDE.
46 000 t de ferraille par mois
La nouvelle usine pourra traiter plus de 46 000 tonnes par mois. GDE prévoit d’embaucher soixante-dix personnes. Une centaine d’emplois sont à la clé en comptant les activités de transport et de maintenance des installations.
Côté transport justement, l’entreprise privilégiera le ferroviaire et le fluvial par rapport à la route : « L’écologie rejoint l’économie. Cela coûtera beaucoup moins cher d’utiliser le transport fluvial que la route. Plus notre tonnage en fluvial sera élevé moins nous paierons cher. Nous avons donc tout intérêt à utiliser au maximum le transport fluvial. C’est d’ailleurs pour cela que notre implantation est directement en bord de Seine », précise Dominique Bourdon chargé du développement.
Il faudra tout de même compter avec une centaine de camions par jour pour acheminer la collecte.
L’enquête publique vient de s’achever. GDE pourrait obtenir le feu vert des pouvoirs publics à la rentrée. Huit mois de travaux seront ensuite nécessaires. L’usine devrait être opérationnelle à la fin du premier semestre 2008.