Un règlement européen a été approuvé par les Vingt-Sept. Un label européen bio fera son apparition dès 2009. La présence d’OGM et de pesticides n’est plus interdite ! Controverse.
C‘est un excellent accord qui aidera les consommateurs à reconnaître plus facilement les produits biologiques dans toute l’Union européenne et leur donnera l’assurance de ce qu’ils achètent précisément. » Il n’est pas certain que la satisfaction affichée ce mardi, à Luxembourg, par la commissaire européenne à l’Agriculture, Mariann Fischer Boel, ravisse l’ensemble des consommateurs européens. Et Belges en particulier…
Adopté par les Vingt-Sept, ce nouveau règlement, qui rendra obligatoire la mention de ce label bio européen sur les étiquettes à partir de janvier 2009, est loin de faire l’unanimité. Et pour cause : ce texte prévoit d’autoriser la présence fortuite (0,9 % de tolérance) d’organismes génétiquement modifiés dans le bio. De même, ce label n’interdit plus formellement le recours à des pesticides !
Lors d’un premier tour de table au conseil de l’agriculture en décembre, la Belgique, l’Italie, la Hongrie et la Grèce s’était opposées à cette idée, sans atteindre le seuil de voix requises pour constituer une minorité de blocage.
Entre-temps, le Parlement européen s’est prononcé pour un seuil de contamination fortuite de 0,1 %, soit le seuil de détection. La Commission européenne, ayant refusé d’associer formellement les députés au projet, s’est assise sur cet avis. Comme la grande majorité des Vingt-Sept, ce mardi.
« Nous avons conservé, en vain, notre position de décembre, argumente Sabine Laruelle (MR), ministre fédérale de l’Agriculture. Si on avait eu une minorité de blocage, on aurait pu amender le règlement. Cette décision n’est pas une bonne chose parce qu’elle ne permettra pas à l’agriculture biologique de pouvoir se distinguer face à ces pollutions accidentelles tolérées dans l’agriculture conventionnelle. »
Ministre wallon de l’Agriculture, Benoît Lutgen (CDH) est encore plus sévère : « Je me suis battu contre ce projet fou, réagit-il. J’avais rencontré les Polonais, qui ont fait mine de bouger, puis ils ont fait marche arrière. Je suis déçu. C’est un combat important pour les consommateurs et c’est une erreur économique, puisque l’effet pervers, c’est qu’on va importer du bio light avec des contraintes moins élevées. Cela mettra à mal nos producteurs dans un secteur en pleine croissance en Wallonie. »
Chez Nature et Progrès, il va sans dire que l’on ne décolère pas malgré les tentatives des ministres belges de bloquer ce texte : « Le Conseil européen a clairement refusé d’écouter le Parlement qui s’est exprimé contre la présence d’OGM dans le bio, expose Marc Fichers, secrétaire général de cette association écologiste. À l’heure où il faut sauver la planète, l’Europe programme la fin prochaine de cette forme d’agriculture que de plus en plus de gens présentent comme la seule qui soit durable. Elle soumet les lois de la nature aux lois du commerce ! »
En février, Nature et Progrès avait récolté 70.000 signatures contre ce projet de règlement en moins trois semaines. L’association n’arrêtera pas la fronde malgré la décision européenne. « Il nous reste jusqu’au premier janvier 2009 pour envisager toutes les actions et formes de recours, note Marc Fichers. Et si c’est possible, nous irons devant la cour de Justice. »
De son côté, le ministre Benoît Lutgen précise que l’objectif de la Région wallonne demeure « d’édicter des règles drastiques » afin de « rendre impossible » la culture d’organismes génétiquement modifiés sur le sol wallon. Un avant-projet de décret, en deuxième lecture, est à l’étude pour le moment. Le cabinet de Benoît Lutgen attend justement l’avis de la Commission européenne à ce propos