La récente réunion du Groupe Intergouvernemental des experts sur le Changement Climatique (GIEC) tenue en janvier 2007 à Paris a confirmé le rôle de l’activité humaine et l’urgence de prendre des mesures adéquates. La dernière réunion tenue début mai à Bangkok a mis en exergue les différents points de vue entre l’Europe d’une part, et la Chine
de l’autre quant au coût et au financement des mesures nécessaires.
Historiquement, l’Europe s’est imposée comme un acteur incontournable, un catalyseur d’idées pour répondre au défi du changement climatique.
La Commission Européenne
a proposé en janvier 2007 une nouvelle politique de l’énergie pour l’Union, plus ambitieuse, plus cohérente et adaptée aux défis du changement climatique. Les Chefs d’Etats, lors du Conseil européen du 9 mars 2007, ont entièrement endossé la proposition de la Commission Européenne
de réduire unilatéralement d’au moins 20% les émissions de gaz à effet de serre de l’Union Européenne d’ici 2020, par rapport aux niveaux de 1990, réduction qui pourra être portée à 30% si les autres pays développés les accompagnaient dans leurs efforts.
En effet, il ne faut pas tenter d’échapper à ses responsabilités : c’est aux pays développés qu’il appartient de montrer l’exemple et de prendre la tête du combat contre le réchauffement climatique. Selon les experts, seule une réduction de 30% de nos émissions permettra de ne pas dépasser un réchauffement de « seulement¬¬» deux degrés Celsius.
Responsabilité partagée
Si l’Union Européenne est en faveur d’un outil dit « post-Kyoto » c’est bel et bien pour déterminer les règles du jeu sur le long terme et impliquer les principaux émetteurs, à savoir les pays développés mais aussi les pays en développement.
En effet, même si les pays développés portent la responsabilité historique, majeure dans la situation présente, il n’en reste pas moins que certains pays en développement à l’image de la Chine
doivent désormais prendre eux aussi des engagements. La Chine
est en passe de devenir le premier émetteur de gaz à effet de serre, devant les Etats-Unis. Or, elle dispose d’un potentiel de réduction de ses émissions considérable sans pour autant freiner son développement.
En effet, agir sur l’efficacité énergétique des entreprises ou des bâtiments permettrait des gains énergétiques considérables, et donc des économies d’énergie. Par ailleurs, rationaliser l’usage du charbon et développer des technologies dites « propres » représenterait un bond qualitatif précieux.
Il est évident que la Chine
, pays à économie émergente, ne peut absorber seule ces coûts sous peine de faire face à des problèmes sociaux importants. Relever le prix de l’essence ou du chauffage entraîne des conséquences économiques et sociales substantielles et s’en ressent sur la motivation de ce pays à s’engager dans ce défi.
Partenariats nécessaires
Les pays développés doivent accompagner la Chine
dans cette nouvelle révolution industrielle et doivent opérer les nécessaires transferts de technologies, là où la technologie est disponible. A ce titre, la Commission Européenne
, ainsi que les Etats membres, ont développé des programmes ambitieux de coopération dans le domaine « énergie-environnement ».
A titre d’exemple, la Commission
européenne a lancé un programme de coopération intitulé « Near Zero Emission coal – NZEC » consistant à développer, notamment en Chine, les nouvelles technologies de capture et stockage du gaz carbonique.
A travers son programme « Energie-Environnement » (EEP), la Commission
affecte 20 millions d’euros dans des projets relatifs à l’amélioration de la sécurité énergétique et le développement d’énergies durables.
Ce programme couvre principalement les domaines suivants : politique horizontale de gestion des ressources, efficacité énergétique, énergies renouvelables et gaz naturel.
Dans le cadre du 7e programme cadre de recherche, la Chine
a participé à 19 projets de recherche couvrant des domaines variés tels que l’hydrogène, les biofuels de seconde génération, le photovoltaïque ou l’énergie éolienne et bénéficie à cet égard d’un soutien direct de 3 millions d’euros.
Au total, la Commission
européenne et les Etats membres (principalement la France
, l’Allemagne, l’Italie et la Grande-Bretagne
) ont injecté 430 millions d’euros dans 65 projets de coopération dans le domaine de l’énergie et du changement climatique.
La Banque Européenne
d’Investissement a quant à elle décidé de lancer un programme de prêt pour des mesures permettant de lutter contre le réchauffement climatique en Chine pour un total de 500 million d’euros.
Intégrer le coût de la pollution
L’union Européenne est donc aux côtés de la Chine
, tant d’un point de vue politique que financier, pour soutenir sa transformation vers un développement durable.
Cela étant, cela ne doit nullement empêcher la Chine
de prendre des mesures simples pour opérer cette transformation. A ce titre, elle a déjà entrepris de nombreuses réformes, notamment fermer les centrales à charbon les plus anciennes, qui portent peu à peu leurs fruits. Au-delà de ces initiatives, il est essentiel que la Chine
s’appuie pleinement sur le marché pour financer la révolution énergétique qui l’attend.
En effet, à ce stade, l’économie chinoise fonctionne sans avoir intégré un minimum les coûts externes (c’est-à-dire les coûts générés par une activité sur l’environnement). Si la Chine
donnait un prix à ces coûts mais aussi tout simplement au charbon (en respectant son niveau de développement), alors des mesures plus ambitieuses pourraient être instaurées. Donner un prix au charbon renforcerait aussi la compétitivité de la Chine
sur le marché des CDM (Clean Development Mecanism) dans le cadre du Protocole de Kyoto.
En guise de conclusion, il est important de souligner que des solutions existent - tout comme les financements - face au coût de l’inaction, il est désormais crucial de s’interroger sur la volonté politique des uns et des autres, mais surtout sur les alliances stratégiques qui peuvent être formées dans le cadre de ce défi.
L’Europe a clairement pris position aux côtés de la Chine
pour l’aider à ne pas prendre les mauvaises pistes qu’ont empruntées les pays développés dans les années 60 alors que l’information et la technologie sont disponibles.
L’engagement de l’Europe ne doit pas permettre à la Chine
de polluer plus mais de produire plus efficacement: c’est l’engagement qu’ont pris les Chefs d’Etat lors du Sommet du 9 mars dernier.
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