La terre et les forêts sont pillées au Cambodge, au profit de l’élite au pouvoir et des entreprises étrangères. Yash Gai, le Représentant spécial de l’ONU pour le Cambodge et l’ONG Global Witness dénoncent une corruption endémique. Et ce alors que se tient à Phnom Penh la conférence annuelle des donateurs pour le royaume khmer.
Violer les droits de l’homme peut coûter très cher à un pays. Cela peut même compromettre l’aide internationale : c’est l’amère leçon que les dirigeants cambodgiens sont en train de tirer alors que s’est ouverte mardi la conférence des pays donateurs qui, l’an passé, avaient octroyé au pays une aide de 600 mio de US$ - la moitié du budget de l’Etat. C’est que Global Witness vient de publier un rapport qui a fait l’effet d’une bombe à Phnom Penh : il accuse les membres des familles politiques les plus influentes du pays de piller les terres et les forêts en toute illégalité. Allégations corroborées par Yash Ghai, le représentant spécial de l’ONU pour le Cambodge, qui a dénoncé devant le Conseil des droits de l’homme à Genève la corruption et l’impunité qui règnent au royaume khmer.
Global Witness, un institut de recherche basé à Londres, estime que 30% de la surface forestière a été détruite en cinq ans, dans un pays où 40% de la population - surtout en milieu rural - vit en dessous du seuil de pauvreté. Cette déforestation illégale ramènerait plus de treize millions de dollars aux proches du premier ministre Hun Sen, du Ministre de l’Agriculture et des Forêts et du Directeur général de l’administration forestière. Elle servirait aussi à financer les activités d’une milice privée de 6000 hommes contrôlée par Hun Sen, qui se chargerait du trafic illégal de bois et de la contrebande pour le compte de personnes influentes. A lui seul, ce trafic ramènerait deux millions de dollars par an.
Face à ces allégations incendiaires, la réaction du gouvernement cambodgien ne s’est pas faite attendre : le rapport a été interdit dans le pays, Global Witness a été menacé de poursuites légales et le frère du premier ministre Hun Sen a affirmé vouloir "casser la figure des auteurs du rapport s’ils se hasardent à mettre les pieds au Cambodge."
Le représentant spécial monte au créneau
Les activistes londoniens ne sont pas les seuls à s’attirer les foudres du gouvernement de Phnom Phen. Le premier ministre Hun Sen n’a pas mâché ses mots contre Yash Ghai, le représentant spécial du Secrétaire général pour les droits de l’homme au Cambodge, qu’il a d’ailleurs toujours refusé de rencontrer. Le rapport que Ghai a présenté au Conseil la semaine passée est sans appel : seize ans après la signature des accords de Paris, censés ouvrir une ère de paix et de prospérité dans le pays qui a connu l’un des pires génocides du vingtième siècle, le libéralisme économique effréné a ouvert la porte à la corruption en même temps qu’aux investisseurs étrangers.
Tout comme Global Witness, Ghai est particulièrement virulent contre les concessions foncières. Il révèle que depuis le début des années 90, près d’un million d’hectares de terre ont été accordées à des privés pour le développement de plantations agro-industrielles. Et plus de la moitié de ces 59 concessions ont été octroyées à des groupes étrangers ou à des membres de l’élite locale.
N’y a-t-il donc aucun garde-fou ? Pour Ghai, une loi agraire existe bien, mais elle n’est pas respectée : avant d’octroyer une concession, la population n’est pas consultée, la terre n’est pas enregistrée et les études d’impact social et environnemental prévues n’ont pas lieu. De même, la loi sur les forêts interdit de les donner en concession, mais elle est systématiquement violée.
Et les conséquences sont dramatiques pour les populations rurales, qui sont obligées de quitter les terres, les forêts et les autres ressources naturelles dont elles dépendent et sur lesquelles elles ont un droit légitime. De plus, elles n’ont aucune protection légale et ne peuvent pas porter plaintes car le système judiciaire est corrompu. Les conséquences sont particulièrement dramatiques pour les populations autochtones, dont le droit collectif à la terre est pourtant reconnu par la loi cambodgienne.
Un gouvernement outré et un représentant spécial sur la sellette
Pour Chhean Vun, ambassadeur du Cambodge auprès de l’ONU, "c’est grave que Yash Ghai affirme que les violations des droits de l’homme commises par le gouvernement cambodgien sont intentionnelles et systématiques." Et il qualifie ces accusations "d’inacceptables".
Dans ce climat tendu, la conférence des donateurs se tient les 19 et 20 juin à Phnom Pehn pour venir en aide à l’un des pays les plus pauvres de la planète. Lors du dialogue interactif qui a suivi la présentation du rapport de Ghai la semaine dernière au Conseil des droits de l’homme à Genève, le représentant du Canada a assuré que la question des concessions foncières et forestières et le droit des populations autochtones y seraient abordés. Et le représentant japonais a affirmé que l’aide étrangère devrait être conditionnée à l’amélioration du système judiciaire. Ces conditions avaient déjà été posées par les donateurs l’an passé, mais n’avaient visiblement pas été suivies d’effet.
En guise de réponse, l’ambassadeur cambodgien a demandé que Yash Ghai soit relevé de sa fonction de représentant spécial et affirmé qu’il ne pourrait plus entrer au Cambodge.
Global Witness, un institut de recherche basé à Londres, estime que 30% de la surface forestière a été détruite en cinq ans, dans un pays où 40% de la population - surtout en milieu rural - vit en dessous du seuil de pauvreté. Cette déforestation illégale ramènerait plus de treize millions de dollars aux proches du premier ministre Hun Sen, du Ministre de l’Agriculture et des Forêts et du Directeur général de l’administration forestière. Elle servirait aussi à financer les activités d’une milice privée de 6000 hommes contrôlée par Hun Sen, qui se chargerait du trafic illégal de bois et de la contrebande pour le compte de personnes influentes. A lui seul, ce trafic ramènerait deux millions de dollars par an.
Face à ces allégations incendiaires, la réaction du gouvernement cambodgien ne s’est pas faite attendre : le rapport a été interdit dans le pays, Global Witness a été menacé de poursuites légales et le frère du premier ministre Hun Sen a affirmé vouloir "casser la figure des auteurs du rapport s’ils se hasardent à mettre les pieds au Cambodge."
Le représentant spécial monte au créneau
Les activistes londoniens ne sont pas les seuls à s’attirer les foudres du gouvernement de Phnom Phen. Le premier ministre Hun Sen n’a pas mâché ses mots contre Yash Ghai, le représentant spécial du Secrétaire général pour les droits de l’homme au Cambodge, qu’il a d’ailleurs toujours refusé de rencontrer. Le rapport que Ghai a présenté au Conseil la semaine passée est sans appel : seize ans après la signature des accords de Paris, censés ouvrir une ère de paix et de prospérité dans le pays qui a connu l’un des pires génocides du vingtième siècle, le libéralisme économique effréné a ouvert la porte à la corruption en même temps qu’aux investisseurs étrangers.
Tout comme Global Witness, Ghai est particulièrement virulent contre les concessions foncières. Il révèle que depuis le début des années 90, près d’un million d’hectares de terre ont été accordées à des privés pour le développement de plantations agro-industrielles. Et plus de la moitié de ces 59 concessions ont été octroyées à des groupes étrangers ou à des membres de l’élite locale.
N’y a-t-il donc aucun garde-fou ? Pour Ghai, une loi agraire existe bien, mais elle n’est pas respectée : avant d’octroyer une concession, la population n’est pas consultée, la terre n’est pas enregistrée et les études d’impact social et environnemental prévues n’ont pas lieu. De même, la loi sur les forêts interdit de les donner en concession, mais elle est systématiquement violée.
Et les conséquences sont dramatiques pour les populations rurales, qui sont obligées de quitter les terres, les forêts et les autres ressources naturelles dont elles dépendent et sur lesquelles elles ont un droit légitime. De plus, elles n’ont aucune protection légale et ne peuvent pas porter plaintes car le système judiciaire est corrompu. Les conséquences sont particulièrement dramatiques pour les populations autochtones, dont le droit collectif à la terre est pourtant reconnu par la loi cambodgienne.
Un gouvernement outré et un représentant spécial sur la sellette
Pour Chhean Vun, ambassadeur du Cambodge auprès de l’ONU, "c’est grave que Yash Ghai affirme que les violations des droits de l’homme commises par le gouvernement cambodgien sont intentionnelles et systématiques." Et il qualifie ces accusations "d’inacceptables".
Dans ce climat tendu, la conférence des donateurs se tient les 19 et 20 juin à Phnom Pehn pour venir en aide à l’un des pays les plus pauvres de la planète. Lors du dialogue interactif qui a suivi la présentation du rapport de Ghai la semaine dernière au Conseil des droits de l’homme à Genève, le représentant du Canada a assuré que la question des concessions foncières et forestières et le droit des populations autochtones y seraient abordés. Et le représentant japonais a affirmé que l’aide étrangère devrait être conditionnée à l’amélioration du système judiciaire. Ces conditions avaient déjà été posées par les donateurs l’an passé, mais n’avaient visiblement pas été suivies d’effet.
En guise de réponse, l’ambassadeur cambodgien a demandé que Yash Ghai soit relevé de sa fonction de représentant spécial et affirmé qu’il ne pourrait plus entrer au Cambodge.
ap.ohchr.org/documents/sdpage_e.aspx?b=10&se=67&m=107 |