Choisir les photos du glacier du Kilimandjaro pour illustrer le réchauffement climatique est un mauvais choix, expliquent deux chercheurs. Dans le cas particulier du glacier de Tanzanie, le climat n’est pas le principal coupable
Dans un monde où une grande partie de l’information passe par l’image, le recul des glaciers est souvent utilisé pour donner une vision concrète des effets du réchauffement climatique. Il est vrai que les clichés satellites avant/après sont spectaculaires. Encore faut-il choisir les ‘’bons’’ glaciers, écrivent deux chercheurs dans la revue American Scientist. Souvent mises en avant, notamment dans le film d’Al Gore Une vérité qui dérange, les neiges du Kilimandjaro sont un mauvais exemple, selon Georg Kaser et Philip Mote, car le réchauffement climatique n’est pas le principal responsable du recul du grand glacier africain. 5.800 mètres 40 mètres
Le mont Kilimandjaro s’élève à plus de
Le déclin du glacier du Kilimandjaro a commencé il y a très longtemps. D’après les premiers relevés effectués à la fin des années 1880, le glacier mesurait 20 km2 en 1880 et seulement 12,1 km2 en 1912. En 1953, l’étendue de glace mesurait 6.7 km2 et en 2003 il ne restait plus que 2,5 km2, soit une perte de presque 90% en 120 ans. Ce déclin a donc largement précédé les changements climatiques qui ont commencé à se faire sentir à partir des années 50 et surtout à partir des années 1970, écrivent les chercheurs.
Des travaux déjà publiés, notamment par Georg Kaser, montrent que d’autres facteurs sont impliqués dans le recul du glacier du Kilimandjaro. Il ne souffre pas d’une montée des températures mais d’une diminution des précipitations. Or moins il y a de neige fraîche, moins le glacier est blanc et plus il absorbe d’énergie solaire. La radiation solaire est le principal coupable du déclin du glacier africain, écrivent les chercheurs. Il ne fond pas, il se sublime : la glace se transforme en vapeur d’eau sans passer par la phase liquide. Un processus qui réclame huit fois plus d’énergie que la fonte, précisent Kaser et Mote.
Il y a des douzaines de glaciers situés dans des zones tempérées qui souffrent du réchauffement climatique, soulignent les deux chercheurs. Ce ne sont pas les exemples qui manquent, le Kilimandjaro n’est simplement pas la bonne icône.