Les Occidentaux ont fait circuler mardi au siège de l'ONU à New York un projet de résolution amendé sur le déploiement rapide au Darfour (Soudan) d'une force mixte de maintien de la paix, texte modifié pour tenir compte des susceptibilités de Khartoum.
Après s'être entretenus avec leurs homologues africains au Conseil de sécurité, les représentants de la Grande-Bretagne, de la France et des Etats-Unis ont exprimé leur confiance dans l'adoption prochaine de ce texte qui prévoit une force composée de soldats de l'Union africaine (UA) et des Nations unies.
"Nous avons changé ce texte de façon assez importante. Le ton a changé (...) Je pense que les termes sont moins menaçants. C'est un texte plus conciliant", a déclaré aux journalistes l'ambassadeur britannique à l'ONU, Emyr Jones Parry.
Les pays à l'origine du texte ont abandonné un paragraphe d'une précédente version du projet de résolution, révélée le 11 juillet, qui menaçait de "mesures" non précisées les parties soudanaises qui ne parviendraient pas à remplir leurs obligations ou à coopérer sans réserve avec la résolution.
"J'espère que nous parviendrons à un accord rapide sur une version finale du texte", a indiqué M. Jones Parry, évoquant l'objectif d'un vote avant la fin du mois.
Toutefois, le représentant du Soudan à l'ONU, Abdalmahmood Abdalhaleem Mohamad, a affirmé que cette version ne satisfaisait toujours pas son pays. Selon lui, certains passages du texte "ne correspondent pas (...) à la situation existant" au Darfour.
Les experts du Conseil mettaient mardi la dernière main à un texte avant des négociations formelles prévues pour mercredi.
"Nous avons amélioré le texte (...) Nous avons pris en compte les inquiétudes des Soudanais", a dit l'ambassadeur de France Jean-Marc de La Sablière. "Nous cherchons à trouver un très large soutien et si possible un consensus", a-t-il ajouté.
"Le gouvernement soudanais ne devrait pas avoir un pouvoir de veto sur ce qui se passe" à l'ONU, a dit l'envoyé américain au Soudan, Andrew Natsios, rappelant que Khartoum avait "conclu un accord avec Ban Ki-moon", secrétaire général de l'ONU.
Le Soudan a accepté le 12 juin sans condition une force hybride UA-ONU qui consiste à prendre le relais de 7.000 soldats de l'UA actuellement sur place, mal équipés et sous-financés, qui n'ont pas réussi à mettre fin à la guerre civile meurtrière faisant rage dans cette région occidentale du Soudan depuis 2003.
Le projet de résolution, dont l'AFP s'est procuré un exemplaire, prévoit le déploiement "pour une période initiale de 12 mois" d'une force mixte UA-ONU, baptisée Unamid.
Le projet affirme que la force sera composée de "19.555 personnels militaires et d'une composante civile appropriée comprenant 3.772 policiers et 19 unités de formation de policiers".
Le déploiement de l'Unamid n'est pas attendu avant le début 2008.
Une fois déployée dans cette province de la taille de la France, cette force sera la plus importante mission de paix au monde actuellement.
Le texte "appelle toutes les parties, en particulier les mouvements non-signataires, à mener à bien la phase de pré-négociations" pour une solution à ce conflit qui a fait depuis 2003, quelque 200.000 morts et plus de deux millions de déplacés, selon des estimations de l'ONU, contestées par Khartoum.
L'ONU et l'UA ont indiqué mardi à Khartoum avoir invité les non-signataires de la paix au Darfour à une réunion du 3 au 5 août à Arusha en Tanzanie destinée à chercher une solution politique au conflit.