La loi sur la croissance et les possibilités économiques en Afrique (AGOA) a un visage à la fois commercial et humain
La loi sur la croissance et les possibilités économiques en Afrique (AGOA), conçue pour être le moteur du changement économique dans ce continent, est assortie de dispositions visant à éviter qu'elle ne devienne un instrument d'exploitation de la population au profit des grandes sociétés et des gouvernements.
Promulguée en 2000, l'AGOA autorise l'entrée aux États-Unis de quelque 6.000 produits africains en franchise de droits de douane et de contingents afin de stimuler les exportations africaines, de créer des emplois et d'augmenter le niveau de vie des pauvres. Ã- ce titre, elle s'adresse aux entreprises et aux pouvoirs publics, sans oublier la société civile.
L'amélioration des conditions de vie des Africains les plus vulnérables, à savoir les femmes et les enfants, est le principe directeur de la loi et le thème qui motive tout particulièrement les 60 organisations non gouvernementales (ONG) de la société civile qui participent au Sixième Forum annuel de l'AGOA organisé à Accra.
Une haute responsable de la Fondation Leon Sullivan, Mme Vernice Gutherie, a déclaré lors d'un entretien accordé le 17 juillet à l'USINFO que le forum de cette année était exceptionnel parce que, pour la première fois, la participation des ONG avait été intégrée aux débats et aux groupes de discussions sur les investissements.
(Leon Sullivan était un militant et un homme d'affaires qui a siégé au conseil d'administration de la société General Motors et qui a contribué à la rédaction d'un code de conduite pour les entreprises implantées en Afrique du Sud à l'époque de l'apartheid.)
Un projet de promotion de la société civile diffusé le 17 juillet comprend les recommandations suivantes :
- organiser une meilleure communication entre les groupes de la société civile de l'Afrique et ceux des États-Unis ;
- accroître la participation des femmes au processus de l'AGOA ;
- ajouter à l'AGOA une disposition exigeant l'évaluation des effets de ses programmes sur les travailleurs et les consommateurs ;
- mieux aligner l'AGOA sur les autres programmes d'aide du gouvernement des États-Unis.
Les groupes de la société civile, notamment ceux qui défendent les droits de la femme et de l'enfant et les syndicats, ont un rôle important à jouer dans le processus de l'AGOA, a expliqué Mme Gutherie, parce qu'ils font porter leurs travaux de recherche sur les conditions économiques qui sont essentielles pour garantir que les mesures commerciales sont équitables et durables.
Les ONG africaines, notamment, sont à même « de révéler la complexité des problèmes qui assaillent les pauvres » et, ainsi, d'informer les pouvoirs publics des ramifications sociales de la signature de certains accords commerciaux, a-t-elle ajouté. La société civile peut également avoir un effet sur « la dynamique sociale » sous-tendant certains comportements économiques.
A titre d'exemple, elle a cité le cas d'une coopérative de vannerie au Rwanda. Du fait des modestes succès économiques qu'elle a remportés, les hommes, qui traditionnellement ne s'adonnent pas à cette forme d'artisanat, se sont mis à apprendre à fabriquer des paniers.
Ce changement a des effets non seulement sur la quantité et sur la qualité des paniers produits, mais aussi sur les relations entre hommes et femmes. « Ce qui était autrefois considéré comme un travail féminin a acquis une nouvelle importance » du fait de la participation des hommes.
« Ce sont là des effets résiduels suscités par des groupes de la société civile auxquels il convient de prêter attention », a fait remarquer Mme Gutherie.