Ils vendent leur électricité solaire à EDF

L'augmentation du tarif de rachat a dopé la filière solaire. Les panneaux photovoltaïques se multiplient sur les toits.

Renseignements : www.hespul.org

Pourquoi ce boom du solaire en France ?

Depuis un an, les demandes d'installations de panneaux photovoltaïques sur les toits ont été multipliées par dix en France (500 au mois d'avril). La grande majorité des propriétaires de panneaux n'utilisent pas l'électricité produite pour leur propre usage.

Mais la vendent à EDF, qui est obligé légalement de racheter l'électricité « verte » produite en France. Vendre, c'est beaucoup plus intéressant. Car le tarif de rachat, fixé par l'État, a considérablement été augmenté l'an dernier : il est passé d'environ 15 centimes d'euro le kilowattheure à 30, voire 55 si les panneaux sont intégrés au bâti.

Comment expliquer cette hausse du tarif de rachat ?

L'Allemagne a fait la même chose en 2004. Le but est de promouvoir les énergies propres en donnant un coup de fouet à la filière. En augmentant la demande, donc la production, l'État espère une baisse des prix des installations. Pour EDF, c'est un surcoût, puisqu'il rachète l'électricité verte trois fois plus cher que le tarif moyen de l'électricité en France. Mais pas d'inquiétude pour l'opérateur : il répercute le surcoût sur les factures de tous ses clients !

Quelles sont les motivations des particuliers ?

Un Nantais, Bernard Lasne, a installé fin 2002

16 m²

de panneaux photovoltaïques sur sa maison. Sa motivation est environnementale : « Si chacun fait un petit geste, cela permettra de produire moins de déchets nucléaires. C'est aussi pédagogique à l'égard de mes trois enfants et cela incite à faire attention à sa consommation. » Mais depuis la hausse, l'an dernier, du tarif de rachat, les motivations des particuliers sont de plus en plus « économiques », note un professionnel. Autrement dit, certains y voient un moyen de réduire leur note d'énergie, voire de gagner de l'argent.

Est-ce rentable d'installer des panneaux ?

Une installation de

20 m²

coûte entre 15 000 et 25 000 €. Sous certaines conditions, il existe un crédit d'impôt de 50 % sur le matériel. Les professionnels estiment qu'il faut une dizaine d'années pour amortir l'investissement. Or, le particulier signe avec EDF un contrat de rachat de 20 ans, ce qui laisse quelques années pour obtenir une rentabilité. Sachant aussi qu'un panneau doit durer une trentaine d'années. Attention, cependant, à

la TVA

pour les travaux d'installation de panneaux dans des logements de plus de deux ans. Les services fiscaux appliquent désormais, en cas de revente de la totalité de l'électricité, une TVA à 19,6 % et non plus à 5,5 % : « L'administration considère que cela relève d'une activité commerciale et non pas d'un aménagement de logement », analyse l'association Hespul, qui promeut le solaire.

Des formalités ?

Plein ! Il faut une déclaration de travaux pour un logement existant, une autorisation d'exploitation de l'État, des dossiers de raccordement et de vente auprès d'EDF, contacter l'architecte des Bâtiments de France si l'installation est dans un périmètre classé, etc. Certains installateurs font ces démarches.

Ça crée des emplois ?

Oui. Le bureau d'études et revendeur Quénéa à Carhaix, employant une vingtaine de salariés, compte embaucher deux à trois personnes cette année. Le bureau d'études nantais Alterea a embauché quatre ingénieurs. Le producteur de modules Tenesol (filiale d'EDF et de Total), basé à Lyon, recrute 20 personnes, et a installé un commercial à Nantes...

Jacques SAYAGH.

Renseignements : www.hespul.org