Inondations, vagues de chaleur, coups de froid, le climat mondial semble se dérégler mais les scientifiques hésitent à établir un lien avec le réchauffement planétaire. De nombreuses régions du globe ont connu des conditions météorologiques extrêmes depuis le début de l'année, selon les observations de l'Organisation météorologique mondiale (OMM).
Parmi ces phénomènes extrêmes, l'OMM signale les moussons exceptionnelles en Asie du Sud qui ont fait plus de 2000 morts au Bangladesh, en Inde et au Népal, les inondations en Grande-Bretagne et la canicule en Europe du sud-est, le cyclone Gonu dans le sultanat d'Oman et en Iran, qui a fait 50 morts, et les abondantes chutes de neige en Afrique du Sud.
Les températures à la surface des terres émergées en janvier et en avril ont atteint les plus hauts niveaux jamais enregistrés pour ces deux mois, selon les observations préliminaires de l'OMM.
«La question d'un dérèglement du climat qui s'ajouterait à celle du réchauffement est posée», déclare à l'AFP Jean Jouzel, climatologue, représentant français au GIEC (Groupe intergouvernemental sur l'évolution du climat).
Mais «il faut rester prudent, il faut prendre du recul. Pour le moment, il n'y a pas de véritable diagnostic de la communauté scientifique sur un lien entre extrêmes climatiques et réchauffement», fait-il remarquer.
Les experts mondiaux du changement climatique qui publient cette année leur 4e synthèse sur le réchauffement planétaire, ont déjà fait état d'une hausse «moyenne» des températures globales de 0,74°C en cent ans (1906-2005) et prévoient 1,8 à 4°C supplémentaires d'ici la fin du siècle.
Le GIEC s'attend également à ce que les chaleurs extrêmes et les fortes précipitations deviennent plus fréquentes et les cyclones tropicaux, typhons et ouragans, plus intenses.
Mais «il faudra encore quelques années pour faire un lien, ou un non lien, entre ces extrêmes et le réchauffement climatique», estime Jean Jouzel.
«Il faut d'abord bien établir le phénomène. Est-ce que les extrêmes changent vraiment? ce n'est pas si simple car, par définition, les extrêmes sont des évènements rares et pour faire de la statistique, il faut un peu de recul. Ensuite, il faut faire le lien avec les activités humaines. C'est une deuxième étape», explique-t-il.
Ainsi, «personne ne sait actuellement» si les tempêtes de fin décembre 1999 qui ont ravagé la France, étaient «liées ou non au réchauffement climatique».
Le réchauffement et ses conséquences sur la température des océans et la structure des vents sont responsables du doublement du nombre d'ouragans enregistré chaque année dans l'Atlantique au cours du XXè siècle, ont estimé des experts du Centre américain sur la recherche atmosphérique et de l'Institut de technologie de Georgie dans une étude publiée récemment.
L'influence des activités humaines sur l'évolution géographique des précipitations au cours du XXe siècle a par ailleurs été mise en évidence dans une étude menée par une équipe internationale publiée le 23 juillet dans la revue Nature.
Enfin, les phénomènes «El Nino» et «La Nina», sont également cités parmi les fauteurs de troubles météorologiques. El Nino, a notamment été mis en cause pour la sécheresse du siècle en Australie l'an dernier, et à l'inverse, La Nina cause habituellement des tempêtes dans l'Atlantique tropical et des vagues de froid en Amérique du Nord.