L’étau se resserre autour des pesticides, utilisés excessivement en France. Les citoyens, de plus en plus nombreux, s’en prennent au type d’agriculture qui fait appel aux produits phytosanitaires pour assurer davantage de sécurité dans les rendements des cultures. Ils voudraient que tous les agriculteurs produisent bio, c’est-à-dire sans pesticides et sans engrais minéraux.
Mais la réalité est bien différente : cette production bio plafonne à 2% de la production agricole en France. Les 98% restants sont produits selon des techniques utilisant plus ou moins de pesticides.
Comment réduire plus nettement la pollution et les risques sanitaires liés à l’emploi de pesticides en agriculture ? Vaste problème, qui renvoie à la politique agricole (voir les nombreux articles à ce sujet sur ce blog, catégorie « Agriculture et PAC »).
Voici le paragraphe qui comprend la réponse à cette question, sous le titre « Une agriculture intensive, économe et écologique » (« Les éléments d’une nouvelle politique agricole », Michel Sorin, Libourne, 16 mars 2007 – article daté du 1er avril 2007 sur ce blog).
« La seconde priorité sera dans la prise en compte de la question de l’eau et des problématiques environnementales. L’agriculture devra être plus économe, remplacer progressivement la chimie et l’énergie par l’écologie et les sciences, sans cesser d’être intensive. Car elle devra être suffisamment productive pour relever le défi alimentaire à l’échelle de la planète ».
Ce présent article me permet de répondre à Benoît, qui m’a fait part de ses réactions. Voir sur son blog l’article daté du 29 juin dernier, intitulé « L’air de Paris et de la campagne », dans lequel il réagit à un article du Figaro à propos de l’air de Paris. Benoît est parisien, artiste et en colère.
Voici les conclusions de l’étude menée par la très sérieuse AirParif
“La toxicité des pesticides sur la santé humaine est reconnue, mais les effets d’une exposition chronique à ces polluants pour les populations agricoles, et plus encore pour la population en général, sont encore peu évalués, notamment par la voie aérienne”... “par exemple, plusieurs pesticides comme le lindane et le chlorothalonil sont classés par L’Agence de Recherche Internationale contre le Cancer (IARC) dans le groupe 2B, potentiellement cancérigènes.”
Voir http://myvox-brisefer.blogspot.com/2007_06_24_archive.html#6758437398360016285
Benoît m’a transmis récemment un document de Natura Vox, intitulé « Les pesticides dans notre environnement ». Il y a de quoi être sensibilisé ! En voici l’introduction.
« La France est le 3e consommateur mondial de pesticides (à plus de 90% pour l’agriculture) et le 1er utilisateur en Europe en volume total. Un nombre restreint de cultures (céréales à pailles, maïs, colza et vigne), qui occupent moins de 40% de la SAU nationale, utilisent à elles seules près de 80% des pesticides vendus en France chaque année ».
Lire la suite sur http://www.naturavox.fr/article.php3?id_article=1519
Depuis plusieurs mois, je reçois les informations du MDRGF (Mouvement pour le Droit et le Respect des Générations Futures) qui aborde les effets des pesticides sur l’environnement et la santé. On y trouve des réponses aux questions que chacun se pose. dont la première, que voici :
« Qu’est ce qu’un pesticide ? »
Les pesticides sont des substances dont la terminaison du nom en « cide » indique qu’ils ont pour fonction de tuer des êtres vivants.
Les pesticides, parfois appelés produits phytosanitaires, ou produits de protection des plantes, (selon l’UIPP – Union des Industries de la Protection des Plantes), sont utilisés en agriculture pour se débarrasser d’insectes ravageurs (insecticides), de maladies causées par des champignons (fongicides) et/ou d’herbes concurrentes (ce sont les herbicides) etc.
Un pesticide est composé d’un principe actif d’origine naturelle ou synthétique. Les pesticides commercialisés (ou spécialités commerciales) sont composés d’une ou plusieurs matières actives auxquelles on a ajouté d’autres substances : produits de dilution, surfactants, synergisants… afin d’améliorer leur efficacité et de faciliter leur emploi ».
Lire la suite sur http://www.mdrgf.org/2sommpestos.html
Le MDRGF a soutenu la promotion d’un livre paru le 1er mars 2007 chez Fayard et intitulé « Pesticides, révélations sur un scandale français », dont les auteurs sont Fabrice Nicolino et François Veillerette. Voici le commentaire qu’en a fait Matthieu Auzanneau dans le quotidien Le Monde daté du 11 juin 2007.
« Le risque sanitaire des pesticides »
Les pesticides, un risque sanitaire avéré mais encore mal pris en compte
« Les paysans, fortement exposés aux pesticides, mais aussi les personnes qui les utilisent pour leurs plantes d'intérieur, ont statistiquement deux fois plus de chances de développer des tumeurs au cerveau, d'après une étude française publiée par la revue Occupational and environmental medecine le 5 juin. Menés sur plus de cinq cents patients, ces travaux s'ajoutent à une littérature scientifique déjà fournie, montrant que l'exposition aux pesticides augmente les risques de plusieurs types de cancer (gliomes, sarcomes, cancers de la prostate) ainsi que des pathologies neuro-dégénératives, des hémopathies et des troubles de la reproduction.
L'un des auteurs principaux de cette nouvelle enquête épidémiologique, Isabelle Baldi, maître de conférence à l'université Bordeaux 2, souligne la nécessité de poursuivre la recherche, pour tenter d'associer les risques à telle ou telle famille de pesticides. Elle insiste également sur le manque de résultats scientifiques concernant d'éventuels dangers liés à l'ingestion de pesticides présents dans l'alimentation. Malgré ces incertitudes, Mme Baldi dresse un bilan sans équivoque : "Il existe dans le monde une trentaine d'études qui montrent toutes une élévation du risque de tumeurs cérébrales, et des dizaines d'autres qui témoignent d'une hausse de la fréquence des autres pathologies."
François Veillerette préside le Mouvement pour les droits et le respect des générations futures (MDRGF) et milite pour une forte diminution de l'usage des pesticides, dont la France est l'un des plus gros consommateurs mondiaux. Le co-auteur de Pesticides, révélations sur un scandale français (Fayard, 2007) avance : "Près de neuf cents molécules pesticides sont utilisées en France. On les retrouve partout, tout le monde en mange quotidiennement. En raison de cette omniprésence, il est difficile pour les scientifiques de pointer les sources précises du risque – à la différence d'un problème circonscrit comme l'amiante." Un état de fait qui explique "en partie" la lenteur de la mobilisation des pouvoirs publics, juge M. Veillerette.
DES CONSÉQUENCES SANITAIRES ENCORE À VENIR ?
Depuis 2006, l'Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa) est chargée de tester les pesticides mis sur le marché, avant leur homologation. Thierry Mercier, directeur adjoint du végétal et de l'environnement à l'Afssa, défend le sérieux des procédures d'évaluation du risque mises en place en France et en Europe. Il se félicite de l'interdiction en 2001 du traitement des vignes à l'arsenic, après la découverte de pathologies suspectes. Il reconnaît toutefois : "Il est impossible de conclure que seuls des agriculteurs qui ne respectent pas les précautions d'emploi tombent malades à cause des pesticides, et vice versa."
L'épidémiologiste Isabelle Baldi prévient : "Il faut vingt à trente ans pour qu'apparaissent les maladies générées par l'introduction d'un produit cancérigène. L'usage des pesticides a explosé dans les années 1970. On pourrait donc voir apparaître les conséquences maintenant." L'AFSSA confirme qu'une "dizaine" de substances pesticides classées cancérigènes "possibles" ou "probables" restent autorisées en France. Une future réglementation européenne sur les pesticides devrait imposer à l'industrie chimique de trouver des substituts à ces produits d'ici à 2009 ».