Le touriste contribue pour beaucoup à l'effet de serre. Aussi voyagistes et transporteurs commencent à proposer de calculer, voire compenser, les émissions de CO2. Devant l'hétérogénéité des méthodes, l'Ademe prépare une harmonisation.
Vous partez en vacances ? De quelle quantité de gaz à effet de serre rejeté dans l'atmosphère allez-vous être responsable ? Une question que se posent de plus en plus d'internautes et de professionnels du tourisme. En pointe sur le sujet, Voyageurs du Monde a lancé son initiative au mois de janvier. L'agence compense toutes les émissions de gaz carbonique dues à ses déplacements professionnels (70.000 euros par an) et informe ses clients des principes de compensation du CO2 émis. Le voyagiste propose un lien vers le calculateur de CO2 Solidaire et invite ses clients à verser le montant correspondant à leur trajet à des projets soutenus par le Groupe énergies renouvelables et solidarité (Geres).
Au mois de juillet, Air France a rejoint le mouvement en mettant en ligne son propre calculateur d'émissions de CO2, alimenté par les « données réelles d'exploitation enregistrées vol par vol » de la compagnie. Le transporteur proposera « d'ici à quelques semaines » à ses clients de compenser, auprès d'une ONG, les émissions liées à leurs voyages. Une façon pour la compagnie aérienne de répliquer à la SNCF. Sa filiale, l'agence en ligne Voyages-SNCF, a lancé en octobre 2006, avec l'Ademe, un "éco-comparateur" calculant l'émission de CO2 et comparant les moyens de transport.
La tendance s'observe également hors des frontières de l'Hexagone. Ainsi, aux Etats-Unis, l'agence Travelocity, un des plus gros opérateurs du secteur, propose, depuis le mois d'août 2006, à ses clients internautes le calcul et la compensation de leurs émissions de CO2.
Méthodes hétérogènes
La prolifération de ces calculateurs s'est effectuée de manière disparate. L'Ademe a relevé en novembre 31 prestataires dans 10 pays, proposant à la fois calcul et compensation. Observant leurs « divergences notables », l'Agence propose une harmonisation en France des systèmes de compensation. Inscrit dans son Plan Climat, ce projet baptisé "Compensation" vise à « garantir la qualité et la fiabilité du dispositif », « harmoniser la démarche de compensation » et « favoriser le développement de la demande et de l'offre de compensation ». L'idée étant de créer un groupe de travail avec les acteurs français concernés, pour aboutir à un guide de bonnes pratiques et un site portail.
Le secteur aérien pèse encore peu dans l'ensemble des émissions de gaz à effet de serre (GES) dus aux transports, mais ses volumes augmentent très vite. En proportion de la croissance mondiale du tourisme et des voyages en avion, les émissions dues aux avions ont crû de 86% entre 1990 et 2004, plus vite que tout autre mode de transport, souligne un rapport sur les transports de l'Agence européenne pour l'environnement. Et la moitié du CO2 produit par l'aérien vient de l'UE.
Aussi, la Commission propose-t-elle à terme de taxer le carburant des avions au départ des aéroports de l'Union, et de développer les instruments d'échanges de droits d'émission de GES. On comprend que pour les entreprises du voyage il y a urgence à sensibiliser leurs clients : la lutte contre le réchauffement les concernera inéluctablement.