Le ministre de l'Ecologie Jean-Louis Borloo a annoncé un gel sur les cultures de maïs génétiquement modifié jusqu'à l'examen de la loi sur les OGM "dès janvier 2008", à l'issue jeudi matin d'une table ronde du Grenelle de l'environnement.
"On garde le gel du Mon 810 (maïs transgénique produit par la société Monsanto, le seul OGM cultivé en France) jusqu'au vote de la loi qui interviendra avant les prochains semis", a déclaré le ministre, à sa sortie de la table ronde consacrée à l'agriculture et la biodiversité.
Le principe d'une loi réglementant les OGM en janvier a été entériné, de même que la mise en place d'une Haute autorité indépendante, a-t-il ajouté.
La loi devra notamment décider de la question des essais en plein champ pour la recherche, a également indiqué le ministre.
La deuxième et dernière journée du Grenelle de l'environnement a donné lieu jeudi à un bras de fer entre écologistes et représentants des milieux agricoles sur les pesticides, avant l'arbitrage final sur l'ensemble des dossiers du président de la République en fin d'après midi.
Les associations écologistes ont d'abord annoncé un accord sur une "réduction de moitié en 10 ans de la fréquence de traitements des pesticides", ainsi qu'un triplement en 5 ans de l'agriculture biologique. Seul le deuxième point a été validé à l'arrivée.
Car la FNSEA, le principal syndicat agricole, est entre-temps remontée au créneau en séance, jugeant l'annonce sur les pesticides "prématurée".
Finalement, le relevé des conclusions lu par un haut responsable du ministère de l'Ecologie a précisé que la réduction de 50% de l'usage des pesticides, sans date butoir, sera conditionnée à la mise en place de "méthodes alternatives".
Il s'agit de "se fixer un objectif de réduction de moitié des usages des pesticides en accélérant la diffusion des méthodes alternatives et sous réserve de leur mise au point", selon le relevé officiel des conclusions qui sera transmis dans la journée au chef de l'Etat.
Nicolas Sarkozy doit annoncer vers 17h00 dans un discours à l'Elysée les arbitrages de la présidence sur les décisions du Grenelle.
Une décision est particulièrement attendue, faute d'accord en table ronde mercredi soir: celle d'instaurer ou non une taxe sur les produits fortement consommateurs d'énergie fossile, la "contribution climat-énergie" dont Nicolas Hulot a fait un test du Grenelle.
La position du président sur l'agriculture sera également examinée à la loupe.
La réduction des pesticides a toujours fait l'objet de vifs débats entre écologistes et la FNSEA. Elle est souhaitée selon les sondages par 80% des Français.
Dans un premier temps, les ONG avaient cru jeudi matin emporter le morceau. Pourtant, les travaux préliminaires du Grenelle n'avaient pas abouti à "un objectif chiffré avec calendrier", avait remarqué Arnaud Gossement porte-parole de FNE (3.000 associations). Daniel Richard, président du WWF France, s'était même félicité de "l'ambiance de rapprochement entre agriculteurs et écologistes".
En arrivant jeudi, le ministre de l'Agriculture Michel Barnier avait cependant plaidé pour le "pragmatisme (sans) idéologie sur ce sujet".
Jean-Michel Lemétayer, le patron de la FNSEA, avait prévenu qu'il n'accepterait "pas n'importe quoi" sur le sujet.