Le patronat britannique s'est engagé cette semaine à faire de la lutte contre le réchauffement climatique une «priorité urgente», tout en défendant la nécessité de maintenir la croissance, une affirmation contradictoire aux yeux de certains défenseurs de l'environnement.
A grand renfort de communication, la Confederation of British Industry (CBI), qui représente 240 000 entreprises au Royaume-Uni, a présenté à l'occasion de sa conférence annuelle lundi et mardi des mesures élaborées par un groupe de travail rassemblant 18 grands patrons, mesures censées contribuer à l'effort national de réduction des émissions de gaz à effet de serre.
Ces mesures, qui font écho à un vaste programme environnemental dévoilé la semaine dernière par le premier ministre Gordon Brown, vont du «développement de produits et de services» permettant aux particuliers de réduire leur production de dioxyde de carbone (C02), à l'extension des systèmes d'échanges de crédits d'émission de CO2 et au recours accru à l'éolien et au nucléaire.
«Nous ferons ce qu'il faudra» pour combattre le réchauffement climatique, a répété mardi Ben Verwaayen, le patron de l'opérateur de télécoms BT, qui dirige le groupe de travail de la CBI. Il a souligné que le coût de cette lutte reviendrait à 100 livres (140 euros) par ménage jusqu'en 2030, soit «l'équivalent du prix d'un café Starbucks par semaine».
Simon Bullock, de l'association des Amis de la terre, a salué ce changement de ton, affirmant que la position de la CBI était devenue «méconnaissable» par rapport à il y a quelques années, quand elle s'opposait frontalement à toute réglementation et aux taxes environnementales.
Mais il a souligné que les entreprises seraient jugées sur leurs actes et non sur leurs paroles.
«Nous saluons le message fort de la CBI (...) et son engagement à +faire ce qu'il faudra+. Mais cela crée une contradiction entre le nouveau discours de la CBI et ses actions de lobbying dans un certain nombre de domaines, pour le développement de l'aviation, la construction de routes, ou contre la fiscalité écologique», a-t-il estimé.
Il s'est notamment étonné que l'annonce de la CBI sur l'environnement coïncide avec la présentation ce mardi par le gouvernement d'une réforme des procédures de permis de construire, affirmant que le nouveau système, qui a reçu la bénédiction du patronat, allait encourager la construction d'infrastructures polluantes comme routes et aéroports.
«C'est un changement positif que la CBI accepte désormais que les entreprises devront devenir plus +vertes+», a salué de son côté John Sauven, directeur de Greenpeace au Royaume-Uni. «Mais en coulisses, le grand +lobby du carbone+ travaille dur pour contrer les campagnes en faveur de la réduction des émissions de CO2», a-t-il dénoncé.
Et à l'intérieur du groupe de travail de la CBI, les attitudes diffèrent fortement d'une entreprise à l'autre. «Si certaines comme BT se sont préparées à l'avenir en investissant largement dans les énergies renouvelables, d'autres comme Ford ont échoué à tenir leurs engagements volontaires en matière de consommation en carburant (des véhicules), et British Airways milite intensivement pour l'extension de l'aéroport de Heathrow», a-t-il relevé.