Une étude publiée aujourd'hui dans la revue Nature indique que les bassins versants sud de la chaîne montagneuse contribuent activement à piéger le dioxyde de carbone de l'atmosphère.
L'Himalaya fonctionne comme une «pompe à CO2 efficace», les débris organiques charriés par les grands fleuves comme le Gange et le Brahmapoutre étant enfouis dans l'océan Indien, selon une étude de chercheurs français publiée cette semaine dans la revue Nature.
«L'érosion continentale tient une place prépondérante dans le cycle du dioxyde carbone», démontre l'équipe de Valier Galy et Christian France-Lanord de l'université de Nancy, selon un communiqué publié aujourd'hui par le Centre national de la recherche scientifique (CNRS).
Or ce cycle, actuellement perturbé par «une injection massive de CO2 dans l'atmosphère» due à l'activité humaine «est contrôlé par l'équilibre entre un apport continu de CO2 lié à l'activité volcanique et une consommation de CO2 par le cycle biochimique».
«Nos résultats indiquent que 70% à 85% du carbone organique (issu de l'érosion de l'Himalaya) est capturé durant le transport», expliquent les chercheurs dans Nature. Ils ont calculé que le carbone organique ainsi déposé dans la baie du Bengale représente 10% à 20% de tout le carbone organique d'origine terrestre enfoui sous les océans.
L'érosion continentale «s'exprime de manière intense au niveau des chaînes de montagnes jeunes comme l'Himalaya où la combinaison de la mousson et de l'action de rivières et fleuves au débit impressionnant entraîne un transport de matière érodée excédant un milliard de tonnes par an», affirme le CNRS.
«Pour représenter un tel flux particulaire, il faudrait imaginer un convoi annuel de camions de sable qui s'étendrait sur une fois et demi la distance Terre-Lune», poursuit l'organisme.
On peut en conclure que les bassins du versant sud de l'Himalaya «favorisent l'exportation et l'enfouissement de matière organique des sols et contribuent ainsi à pomper le CO2 de l'atmosphère».
Cette action, qui s'étale sur des dizaines de millions d'années, contribue à refroidir le climat.
D'autres études ont montré que tous les bassins fluviaux, et notamment celui de l'Amazone, ne jouent pas le même rôle. Ainsi à l'échelle de la planète, 70% du carbone organique des fleuves et rivières est renvoyé dans l'atmosphère.