Est ce vraiment le cadet de leurs soucis ? Les fabricants de high-tech se sont fait épingler par Greenpeace dans un rapport sur leur responsabilité environnementale publié par l'association, mardi 27 novembre. Le japonais Nintendo, fabricant de la très populaire console de jeux vidéo Wii, est le plus mal noté.
Selon Yannick Vicaire, de Greenpeace, "ce groupe n'a aucune politique valable en termes de surveillance chimique". Il développe : "Il n'a pas mis en oeuvre de politique de substitution du PVC (polychlorure de vinyle, non recyclable) ni des BFR (brome flame retardant)", ces adjuvants des plastiques accusés de provoquer, entre autres, des retards du développement cérébral. Philips ou Microsoft (fabricant de la XBox 360, concurrente de la Wii) ne sont guère mieux classés.
S'il reconnaît les progrès accomplis notamment par les constructeurs scandinaves (Nokia, Ericsson), M. Vicaire dénonce des fabricants bien trop préoccupés par la performance de leurs produits. Une négligence d'autant plus dommageable, selon lui, que la high-tech est une des industries qui consomme le plus de matières. Et de citer une étude (datant de 2002) des chercheurs Eric Williams et Ruediger Kuehr, publiée par l'ONU. Selon celle-ci, la fabrication d'une barrette mémoire de 32 Mbits pesant 2 grammes nécessitait à l'époque 1,7 kg d'énergie fossile. Alors que la fabrication d'une voiture ne consomme qu'au maximum deux fois son poids en ressources naturelles...
En cause aussi, selon M. Vicaire, des réglementations qui "déresponsabilisent" les fabricants. De fait, dans la plupart des pays européens, à la suite de l'application de la directive européenne sur les déchets d'équipements électriques et électroniques (DEEE), ce sont des organismes tiers qui collectent et retraitent les produits. "Nous respectons les règles européennes en vigueur, qui sont parmi les plus rigoureuses au monde.
Et la Wii est la console de jeu de salon qui consomme le moins d'énergie", se défend Stéphane Bole, directeur de Nintendo France. Dominique Mignon, directrice du développement d'Eco-systèmes, un des organismes agréés de retraitement des déchets des industriels en France, nuance aussi l'analyse. "Les fabricants ne sont pas déresponsabilisés, au contraire, affirme-t-elle. Chacun paie pour la collecte et le recyclage au prorata du volume de produits qu'il met sur le marché. Vous imaginez si chacun d'eux se débrouillait seul, avec ses propres camions ? Ce serait une catastrophe pour les rejets de CO2 !"
Et de protester contre ceux qui opposent systématiquement préservation de l'environnement et course à la performance dans la haute technologie. "C'est l'innovation qui nous permet d'améliorer l'impact environnemental d'un produit tout au long de son cycle de vie", veut croire Mme Mignon.
Par Cécile Ducourtieux